Belgique - Pays de Galles :

DANS LA PEAU D'UN SUPPORTER

Bruxelles, 22 septembre 2022 à 19h00. Il est temps de revêtir son maillot fétiche et de prendre la direction du Heysel.

Première étape, et non des moindres, se rendre au stade. Direction le métro. Bruxelles se voit à nouveau assiégée de dizaines de milliers de personnes venues d'un peu partout. Pas de Coldplay ni de Rolling Stones, mais bien les Diables. À défaut de mettre le feu à la scène, tous espèrent les voir enflammer le terrain. Concernant le maillot, là, le feu est déjà bien présent.

Métro 6, direction Roi Baudouin. Les rames sont bondées, les métros sont bloqués de longues minutes. Le duel de chants est remporté à l’unanimité par les Gallois, présents en masse dans les transports en commun de la capitale.

Ils sont plusieurs centaines à avoir fait le déplacement pour le match depuis le Pays de Galles. Certains il y a plusieurs jours déjà, pour découvrir Bruxelles.

Ils sont plusieurs centaines à avoir fait le déplacement pour le match depuis le Pays de Galles. Certains il y a plusieurs jours déjà, pour découvrir Bruxelles.

Tous, à part les quelques malheureux n'aimant pas plus que ça le football, sont admiratifs de l'ambiance que mettent les Gallois. À mes côtés une maman et ses trois enfants. "Quel courage ils ont de faire le chemin pour voir leur équipe perdre!" dit fièrement le benjamin de la portée. Et comme un signe du destin, un Gallois au bob décoré de multiples pin's le regarde et dit "We love, we love Belgium." La différence entre les deux protagonistes ? Le taux d'alcoolémie certainement. Sûrement.

Arrêt après arrêt les sourires se multiplient. L'Atomium fait son apparition. On y est! Les supporters Gallois en moins, sécurité oblige, et un tympan perforé plus tard, nous voilà arrivés à l'arrêt préféré des supporters des Diables Rouges.

En sortant du métro, les chants locaux résonnent de plus en plus fort à mesure où nous nous rapprochons de l'enceinte du stade. L'Atomium brillant et clignotant et l'éclairage du Roi Baudouin diffuse un panorama magique pour les familles venues d'un peu partout. La vue est belge et impose une pause de contemplation. Le parfum délicat des hamburgers et pains saucisses font saliver les moins nourris. Pas une seconde ne passe sans qu'un fût soit remplacé. La soirée est d'ores et déjà agréable. La nuit s'annonce paisible.

Papa comme Maman veulent voir l'équipe nationale gagner pour le plaisir de leurs enfants. Les amis, frères et sœurs sont nombreux et dans la marche de chaque supporter se dessine une certaine volonté de vaincre, de domination voire de conquête. Ils savent ce que vaut leur équipe, ils veulent aussi se divertir et crier pour leurs joueurs préférés qu'il fait du bien de voir à la maison. On est chez nous.

Direction la 8e rangée de la tribune 2H pour mes compères et moi-même. Mais aux portiques se dévoile une file interminable. Nous comprenons que nous allons manquer le début du match.

"Remboursé !"

"Das' nie' mogelijk !"

Des fans, manifestement énervés.

Une bonne centaine de personnes attend de passer un des portiques. C'est parfois un peu la bousculade, chacun y va de sa stratégie pour gagner quelques places.

20h40, le coup d'envoi se rapproche à grands pas. L'hymne Gallois retentit. D'abord timidement et enfin fièrement, c'est main sur le cœur que la foule attendant d'entrer dans le stade entonne la Brabançonne à l'unisson. Les frustrations se dissipent, l'excitation dominante se lit sur les visages.

Nous perdons encore du temps à faire scanner nos tickets électroniques. Contrairement aux spectateurs, les employés du stade présents gardent leur calme et font avancer les choses, toujours avec avec le sourire. Chapeau à eux.

Le moment tant attendu est arrivé, nous entrons. Il est temps de prendre du bon temps et de le faire bien. Que serait un supporter sans sa bière de 25cl à 3,80€ ?

Quel émerveillement de découvrir l'enceinte du Roi Baudouin, les gradins entièrement rouges et, sur la pelouse, nos stars du ballon rond. Pas de faux discours ici, ce n'est pas un véritable stade de football. Il n'est pas non plus le plus récent et moderne des stades olympiques, mais c'est notre stade national. Il y règne comme un prestige indéfectible. Un endroit qui fait battre le cœur de la Belgique, qui nous unit tous. Heureusement, c'est toujours 0-0. Nous avons seulement manqué les quelques premières minutes.

Santé, hein !

Santé, hein !

Allez Michy ! Allez Michy !

Allez Michy ! Allez Michy !

Tous ensemble ! Tous ensemble !

Tous ensemble ! Tous ensemble !

Ooouuuuuuh !

Ooouuuuuuh !

Item 1 of 4

Santé, hein !

Santé, hein !

Allez Michy ! Allez Michy !

Allez Michy ! Allez Michy !

Tous ensemble ! Tous ensemble !

Tous ensemble ! Tous ensemble !

Ooouuuuuuh !

Ooouuuuuuh !

Nous venons à peine de nous asseoir que le public, lui, se lève. Kévin De Bruyne plante un but chirurgical pour faire 1-0. La foule s'enflamme et exalte. Qui d'autre que notre KDB national aurait pu ouvrir la marque ? C'est l'homme le plus en forme de notre sélection, sans l'ombre d'un doute.

Nummer seven, numéro sept ! Kévin ?

Nummer seven, numéro sept ! Kévin ?

La foule est euphorique face à ce très bon début de match. Après tout, peut-être que la prétention de l'enfant du métro était justifiée. Les supporters scandent les noms de Courtois, Hazard et De Bruyne. Surement les trois Diables les plus appréciés dans le public. Les tentatives de Ola se multiplient dans les gradins. Seulement, les Gallois sont moins sympathisants dans le stade que dans les rames bruxelloises. Les belges sont seuls à faire la fête. Les Dragons eux inquiètent tout de même la défense belge à quelques reprises. Le spectacle est divertissant.

À Michy Batshuayi de doubler la mise une vingtaine de minute plus tard. C'est 2-0 à la mi-temps avec un Kevin De Bruyne d'ores et déjà homme du match avec une implication de jeu phénoménale ainsi qu'un but et une passe décisive en 45 minutes.

Nummer drieëntwintig, numéro vingt-trois, Michy ?

Nummer drieëntwintig, numéro vingt-trois, Michy ?

La mi-temps c'est aussi le moment de recharger les munitions et tenter de comprendre les prix imposés aux abords du stade.

La mi-temps c'est aussi le moment de recharger les munitions et tenter de comprendre les prix imposés aux abords du stade.

La deuxième mi-temps débute moins bien que la première. Kieffer Moore, attaquant Gallois de 30 ans, évoluant à Bournemouth, réduit l'écart en marquant peu de temps après la reprise.

Les supporters Gallois chantent de plus belle. Le but de leur compatriote alimente l'espoir d'une égalisation voire le rêve d'une victoire. Les Gallois, lanterne rouge de notre groupe, doivent à tout prix prendre des points pour éviter la relégation en Ligue B de la Nations League.

Les Belges vont toutefois contrôler le match. Le tournant sera aussi l'intervention de la VAR sur un potentiel pénalty, mais il n'en sera rien.

Les supporters font la fête comme ils peuvent, mais le match est nerveux. Un seul but sépare les deux équipes. Roberto Martinez est nerveux. Les joueurs ne sont plus dans la facilité de combinaison que l'on a pu observer en première mi-temps.

Les supporters des Diables en veulent plus. Les 6 minutes de temps additionnel sonnent comme une nouvelle session de stress pour le public. Il est temps que le match se termine.

Passé presque inaperçu dans les tribunes, à quelques minutes de la fin, le véritable fait de match notable est l'exclusion de Roberto Martinez sur carton rouge. Sans véritablement savoir pourquoi. Impossible de déchiffrer la cause de cette punition depuis l'autre côté du stade.

Comme une réponse à la crise énergétique et à la flambée des prix. Les téléphones viennent à se lever pour dire au revoir au Pays de Galles. Doucement, le stade entier devient l'écho des illuminations de l'Atomium situé non loin de là. Le spectacle en tribune attire parfois plus l’œil que celui se déroulant sur le terrain.

Tous réagissons au coup de sifflet final de l'arbitre. Les trois points sont dans la poche et la pression peut enfin retomber. Rien de mieux qu'une victoire à domicile pour la confiance et l'amour des supporters.

Beaucoup sont fatigués et ont les paupières lourdes. C'est jeudi soir et le lendemain il faut se lever pour aller à l'école ou travailler.

Score final : 2-1.

Fin de match au Stade Roi Baudouin, les supporters disent au revoir aux Gallois à leur manière.

Fin de match au Stade Roi Baudouin, les supporters disent au revoir aux Gallois à leur manière.

Guide du supporter

La voix

Que cela soit pour notre hymne, par frustration contre l'arbitre, pour huer l'adversaire ou chanter avec vos amis, une chose est sûre, vous allez gueuler! Quelques vocalises et entrainements en dehors du stade sont conseillés pour échauffer la voix. Une écharpe par temps froid est à privilégier.

La contenance

Votre vessie sera mise à rude épreuve. Pas obligé de boire de l'alcool, naturellement. Mais une contenance supérieure à la normale vous aidera à vivre une mi-temps sereine sans devoir aller aux toilettes. Pas question de manquer une seule miette du spectacle offert par les Diables Rouges !

L'endurance

Pas besoin de Basic Fit quand on va au stade. Le supporter des Diables Rouges devra s'adonner aux squats plus d'une fois dans la partie. Dès que Michy ou KDB se rapproche des buts, la foule pliera les genoux ou se lèvera. Tout dépend du risque de but ambiant. Au bout de deux heures, quelques douleurs pourront se faire sentir.

Vous voilà prêtes et prêts pour un match des Diables Rouges au stade Roi Baudouin. Vous savez à présent à quoi cela ressemble mais rien ne vaut le vécu ! Les places au sein du stade démarrent à 25€, notamment celles d'où les vidéos ont été filmées.

Le prochain rendez-vous de notre onze national à domicile devrait être un match amical contre l'Égypte à 16h00 le 18 novembre prochain juste avant les débuts de notre sélection nationale en Coupe du Monde face au Canada le 23 novembre.