Billie Ada

Repéré lors du concours pour la MilkTape à Liège, Billie Ada fait ses premiers pas sur scène, armé d’une passion brute pour le rap et d’une soif d’apprentissage insatiable. Entre les bancs de l’école et les prods YouTube, rencontre avec un rookie qui prend la lumière.
C’est lors de l’événement The Box que nous rencontrons Billie. Il est entouré par les autres artistes de la soirée dans une ambiance ultra posée et familiale, et de son meilleur pote Aubert, venu filmer son show. Il a marqué son entrée dans le rap game par la sortie de son premier projet, La crèche, cette année. Nous commençons l’interview de celui qui nous intrigue tant : Billie Ada, le rappeur percutant de 17 ans, poulain de Kaer (Starflam) et gagnant du concours MilkTape
L : Qu'est-ce que t'écoutais quand t'étais petit ?
Quand j'étais petit, c'était Michael Jackson frère. J'écoutais que ça. C'était fou j’aimais trop.
C’est par MJ que tu découvres le rap ?
Non (rires). Je l’ai découvert en écoutant Maître Gims et Black M avec Aladin entre autres. Moi et mes potes on connaissait par coeur. Et puis après petit à petit j'ai commencé à découvrir des trucs que j’ai jugé meilleurs et qui m’ont fait mieux découvrir le rap.
C’était quoi ?
C'est genre vers mes 12, 13, 14 ans. Ca a été Orelsan, Lomepal* et des trucs similaires. En tout cas j’étais focus sur lui et je l’ai beaucoup écouté. Presque tous ses sons. Le premier projet que je me suis pris c’était La fête est finie. Il y avait aussi San que j’ai kiffé énormément. Puis après ça il y a eu Nekfeu*, les classiques quoi.
*Il est important pour nous de donner un contexte concernant ces deux artistes. Lomepal et Nekfeu ont tous les deux été visés par des plaintes pour VSS et/ou violences psychologiques. Pour plus d’infos, clique ici et ici.
Billie il écoute quoi maintenant ?
Billie il écoute beaucoup La Fève, Mairo, Jungle Jack,... J’aime trop! Dès que c’est technique ou underground ça me parle.
Comment est-ce que tu commences le rap ?
C'était tout seul un peu par hasard dans ma chambre. J'ai commencé à écrire sur une prod que j'ai trouvé sur YouTube et je me suis lancé. Par contre, depuis ce moment je ne me suis jamais arrêté. J'ai fait mon premier texte, j'ai décidé que j'aimais trop ça, et depuis j’ai jamais arrêté.
Tu es encore à l'école. Comment tu gères ça et ton début de carrière ?
Je suis obligé de gérer parce qu'il y a mes darons qui sont derrière moi. En vrai, j'ai passé toutes mes années donc c’est chill, mais ça reste compliqué parce que je ne fais que ça de mon temps libre. Ça veut dire que quand je rentre chez moi j'ai du mal à travailler alors qu'il y a mon ordi et les prods à côté. Il faut que je me fasse un peu violence.
Tes parents te soutiennent comment ?
Ils sont hyper contents pour moi, mais en même temps ils me mettent la pression pour les points… Donc ils me soutiennent à fond, je fais ce que je veux et ils ne vont jamais m'interdire d'aller faire une scène. Par contre je dois taf. Il y a quand même un truc important, c’est que mon daron est musicien. Donc il a un studio. Il n'avait pas de micro parce qu'il ne faisait pas de voix, mais on en a acheté un et c'est avec lui que j'ai tout enregistré.
"C'était tout seul un peu par hasard dans ma chambre. J'ai commencé à écrire sur une prod que j'ai trouvé sur YouTube et je me suis lancé. Par contre, depuis ce moment je ne me suis jamais arrêté."

Finalement, ton père est quand même investi dans ton projet.
Ouais ! Maintenant, il se lève avec du rap parce que quand je me réveille je mets direct la musique sur les enceintes. Au début, il kiffait pas, mais petit à petit je lui ai un peu forcé la main et maintenant, ça va, il aime bien.
Tu as sorti ton premier projet, La crèche. Comment est-ce qu’il voit le jour ?
J’ai eu cette période où je parlais beaucoup de quand j'étais petit. Je ne voulais pas en faire un long projet et il y a des morceaux qui datent d'il y a un an et demi, et à mon âge, en termes d’évolution dans le temps c'est déjà long. J’ai quand même voulu sortir un truc alors j’ai assemblé les sons que j’avais. Ils ont le même ADN mais ils ne parlent pas du même sujet, il y a une cohérence.
" Je ne voulais pas en faire un long projet et il y a des morceaux qui datent d'il y a un an et demi, et à mon âge, en termes d’évolution dans le temps c'est déjà long."

Le futur c'est quoi ?
Là, je n'ai pas encore de titre, ni de DA. Je suis fort dans le mood d'écrire un gros projet. La crèche c'était le premier petit projet. Maintenant, je veux vraiment faire un truc où je sais que dans deux ans j'en serai encore fier. Aussi, ce que je veux absolument c'est de faire des scènes, j'aime trop ça.
Tu es en collaboration avec La Centrale Son à Liège. Qu'est-ce que ça t'apporte concrètement ?
La présence scénique. Kaer c'est le coach scénique de La Centrale Son, et je ne sais pas s'il y a mieux en Belgique. Ça m'aide aussi avec la distribution parce que c'est grâce à eux que j'entre dans des playlists. Ça c'est vraiment cheaté!
Kaer, tu l'as rencontré comment ?
J’ai fait un stage de rap à Libramont pendant une semaine. C’était Kaer qui l’animait mais moi, je ne savais même pas que c'était une légende. On a gardé contact, et quand j'ai annoncé un projet il est revenu vers moi. Le projet n’est jamais sorti parce qu’il m’a fait des retours et il m’a dit : “Mais gros, il faut que tu fasses une stratégie, etc.”. Alors il m’a pris sous son aile pour m’aider, et c’est comme ça qu’après le concours MilkTape, j’ai eu la collab avec La Centrale Son.
En 2015, on disait que c'était l'âge d'or du rap belge. Toi, tu avais 7 ou 8 ans. Est-ce que tu as dû refaire tes classes et réécouter ce qui s'est passé à ce moment-là ?
Déjà en 2015 j'écoutais pas de rap. Mes darons n’écoutaient pas du tout ça. Mais maintenant depuis environ un an je m’intéresse à ce qui se faisait avant. Surtout dans les années nonantes, genre IAM. Après ça veut pas dire que je suis un puriste, j'ai pas besoin d'écouter tout même si ça m'intéresse. Par exemple, j'ai écouté Lunatic de Booba et Sinik. J'ai bien kiffé. Je refais un peu tout sans me mettre la pression.
Comment ça se passe quand tu essayes de te faire ta place dans le rap ?
Vu que je suis encore jeune, je ne sais pas trop. J'avais tendance à essayer de faire ce que les gens pourraient kiffer. Maintenant, je suis dans un truc où ce que je veux donner aux gens, c'est ce que j'aime faire. Je ne me pose pas la question de comment les gens vont recevoir ça et j’essaie juste de donner quelque chose de vrai. Je pense que c'est la meilleure manière de faire.
A l’image du freestyle que vous avez fait pour l’évent The Box, faire du rap à plusieurs c’est une force. T’as déjà pensé à rapper en groupe ?
Non parce que je sais très bien que j'adore faire mes trucs tout seul. J'ai besoin de ça, et je sais que je resterai toujours tout seul. Par contre, avec les artistes de l’event, on se donne tous de la force. Il n'y a pas de rivalité, c'est vraiment une bonne ambiance. Donc ça c'est très cool. Là on sait qu'il y a une date avec IKI, un des artistes de l’évent The Box. J’ai hâte et j’étais direct très chaud !
Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?
Ce que je souhaite beaucoup, c'est trouver un beatmaker avec qui je pourrais faire mes sons. Parce que bon, c'est un peu relou de rentrer de l'école et chercher pendant trois heures sur YouTube pour avoir une prod.
Si des beatmakers passent par ici, vous savez ce qu’il vous reste à faire…
