L’euthanasie au fil du temps : retour sur l’évolution d’une pratique qui a marqué les époques

Bien que l’euthanasie soit encore un sujet tabou dans de nombreux pays du monde, elle est dépénalisée en Belgique depuis 2002. Pourtant, ce sujet existe depuis l’Antiquité, où l’on retrouve déjà des traces de son existence.
Tout d’abord, pour mieux comprendre, il faut revenir sur l’étymologie du mot euthanasie. Il est formé de deux mots venant du grec : « eu », qui signifie bien et « thanatos », qui signifie mort. L’euthanasie est donc étymologiquement définie comme étant une « bonne mort », soit une mort dans « de bonnes conditions ». Des traces de ce qu’on pouvait appeler l’euthanasie à l’époque sont déjà présentes dans les écrits de Suétone, qui a vécu à Rome entre 70 et 160 après JC. Dans un ouvrage appelé La vie des douze Césars, il écrit ceci à propos de l’empereur Auguste : « Sa mort fut douce et telle qu’il l’avait toujours désirée ; car, lorsqu’il entendait dire que quelqu’un était mort promptement et sans douleur, il souhaitait, se servant d’un mot grec, que lui et les siens mourussent aussi heureusement ». Ce « mot grec » dont parle Suétone est l’euthanasie. Toutefois, dans l’Antiquité, la définition de l’euthanasie n’est que la mort paisible, sans qu’elle soit forcément provoquée par une intervention humaine.
Un peu plus tard, au Moyen-Âge, la définition d’une « bonne mort » évolue avec la religion chrétienne : pour eux, la bonne mort est précédée d’une agonie. Il faut recevoir l’extrême onction qui permet d’annuler les péchés. Toutefois, l’euthanasie telle que nous la connaissons aujourd’hui est parfois pratiquée en cachette pour les victimes de la rage, mais ce n’est pas un procédé tel qu’on le connaît actuellement. Selon l’historienne Estela Bonnafoux qui raconte l’histoire de Jean Baudren, victime de la rage, ce dernier aurait été étouffé sous une couette par son frère. Ce procédé ne fera pas l’unanimité et celui-ci sera jugé pour avoir donné la mort de manière non-naturelle. Et il sera gracié, ce qui peut, quelque part, être une preuve que les autorités comprenaient qu’il ait voulu épargner à son frère d’atroces souffrances. Cependant, il faut tout de même rappeler qu’à cette époque, la vie est dirigée par la religion. Dans le christianisme et dans la Bible, « toute intervention venant briser le processus d’un décès naturel (choisi par Dieu) est considéré comme un crime ».
C’est dans cette vision de la mort que débutent les Temps Modernes. L’euthanasie dite « active » (celle qui choisit délibérément de mettre un terme à la vie) est interdite. Mais on commence à autoriser l’euthanasie « passive », celle qui permet de mettre fin aux soins administrés à un patient. C’est également à ce moment que des divergences commencent à apparaître. Alors que les penseurs français ne s’expriment pas sur le sujet, en Écosse, David Hume, dans son Essai sur le suicide, explique que si les douleurs deviennent insupportables, il est « autorisé » de mettre fin à ses jours pour abréger nos souffrances.
Plus tard, l’arrivée des soins palliatifs a changé la vision de la fin de vie, que les médecins doivent alors prendre aussi en charge , pour pouvoir soulager les patients souffrant de problèmes incurables.
Aujourd’hui, l’aide médicale à mourir est autorisée dans 7 pays : les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, la Colombie, le Canada, l’Espagne et la Nouvelle-Zélande.