Quelle représentation de l'euthanasie dans la culture francophone ?

Dans la culture francophone, l’euthanasie est abordée sous diverses formes, que ce soit à travers la littérature, le cinéma, la musique ou les débats médiatiques. Toute une série de productions sont souvent inspirées de faits réels qui interpellent la société sur le droit de mourir dans la dignité et les dilemmes liés à la fin de vie.
L’euthanasie est la thématique principale de nombreux livres : citons, par exemple, « Le tout dernier été » de Anne Bert, elle-même atteinte de la maladie de Charcot, elle a dû se rendre en Belgique pour avoir accès à l'euthanasie. Un autre témoignage est celui de Vincent Humbert, jeune tétraplégique, qui raconte dans son livre « Je vous demande le droit de mourir » avoir sollicité ce droit au président de la République. Un dernier exemple est le livre de Pierre Jova, intitulé « Peut-on programmer la mort ? » qui est une enquête inédite sur la pratique belge de l’euthanasie.
Certains d’entre eux ont même été adaptés sur grand écran, comme par exemple, le livre « Tout s’est bien passé » écrit par Emmanuèle Bernheim en 2013 et réalisé par François Ozon en 2021. Portés par Sophie Marceau et André Dussolier, le film raconte l’histoire d’Emmanuèle Bernheim, romancière épanouie et accomplie, qui, un jour, est appelée en urgence : son père de 85 ans vient d'être hospitalisé après un AVC. Quand il se réveille, diminué et dépendant, il demande à sa fille de l’aider à mourir. Et ce, malgré leurs différends passés.
On peut aussi citer le film « La dernière leçon », réalisé par Pascale Pouzadoux, et avec Sandrine Bonnaire et Marthe Villalonga dans les rôles principaux. Ce film est une adaptation du récit homonyme de Noelle Châtelet qui raconte l’histoire de Madeleine, 92 ans, qui a décidé de fixer la date et les conditions de son décès. Quand elle l’annonce à ses enfants et petits-enfants, elle veut doucement les préparer à sa future absence. Mais pour sa famille, c’est le choc : tous ont du mal à accepter ce choix sauf Diane, sa fille, qui partagera avec humour et complicité ces derniers moments.
Il n’y a pas qu’au cinéma que l’euthanasie a été mise en lumière par la fiction. À la télévision, il y a eu des téléfilms, comme par exemple le récent « Le prochain voyage », une fiction inspirée de l’histoire vraie datant de 2013, avec Line Renaud et Jean Sorel dans les rôles principaux. Ils incarnent un couple de nonagénaires qui, diminués par la maladie, ont décidé de revenir dans la chambre d’hôtel de leur première nuit d’amour pour se donner la mort, ensemble. Mais également des documentaires comme « Les mots de la fin » diffusée sur la Une, en Belgique ou encore, le reportage de la Médecin-journaliste, Marina Carrère d’Encausse, nommé « Fin de vie : pour que tu aies le choix ». Dans ce documentaire, elle lève le voile sur les questionnements intimes qui la traversent en même temps qu’ils traversent la société.
Si l’euthanasie et la fin de vie ont été traitées dans la littérature comme dans le septième art, il est, en revanche, plus rare de trouver des chansons (pour le moins connues !) qui abordent cette thématique. Par exemple, le titre « Euthanasie » a été repris par le groupe pop électro parisien Bonne nuit, le rappeur La Fouine ou encore le groupe de punk rock français Les Olivensteins. Toutefois, aucune de ces versions n’aura trouvé le succès et l’impact sociétal espérés.
En mai 2024, devait avoir lieu à l’Assemblée Nationale l’examen du projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie. Seulement, cet examen a été interrompu par la dissolution de l’Assemblée Nationale décidée par Emmanuel Macron le 9 juin dernier, laissant ce projet de loi sur le côté pendant un temps indéfini.
Même si l’euthanasie a été traitée d’une multitude de manières, que ce soit dans la littérature ou les productions audiovisuelles, les chiffres montrent malheureusement que ces différentes productions n’ont jamais réellement rencontré un succès ou un écho suffisamment populaire. Cela montre que les questionnements liés à la fin de vie sont, aujourd’hui encore, un sujet tabou, notamment en France.