Chronique: Iliona

Iliona se livre dans ce premier album après une année intense rythmée par une rupture amoureuse.

L’artiste se réfugie dans une zone de clair obscur, entre la lumière apaisante de la mélancolie et les ombres angoissantes de sa relation passée. Iliona raconte une histoire intime, qui nous surprend presque tant elle se livre. Une histoire personnelle qui fait écho à nos chagrins, qui vient réveiller nos blessures jusqu’à nous en serrer le cœur. Un rappel à nos amours et faiblesses passées qui nous soulage presque d’un poids. Qui soulage oui, parce qu’on se laisse porter par ses mots sur ses mélodies et ça fait du bien! En partageant sa peine avec nous dans ce onze titres, elle nous réconforte et nous rassure. On sent dans son projet son évolution : l’entrée dans la vie adulte, la maturité mais aussi le poids des responsabilités qui l'accompagnent.

À livre (ou coeur) ouvert

Écouter ce projet, c’est comme tomber sur le carnet intime d’un.e ami.e et l’avoir lu avec une certaine curiosité mal placée. Tout sonne vrai et authentique car Iliona n’invente rien. Elle écrit ce qu’elle vit comme exutoire pour se réconforter et pour se libérer. Cette honnêteté est présente dans tout l’album.

“j’écris spontanément et sans romantiser mes mots, je veux qu’ils soient les plus vrais possible” - Le Soir

L’artiste belge nous emmène dans une ballade entre ses souvenirs hantés par la présence d’un ex, de souvenirs troubles…de “milles épines dans ma tête”. Tout n’est pas qu’obscurité, parsemée ici et là se trouvent des perspectives d’espoirs et de résilience. Il en faut du courage pour se libérer d’une emprise, pour savoir quand penser à soi et savoir partir. Comme chaque morceau est réfléchi et entraînant, chaque mot est mis au bon endroit et dans le bon ordre dans un exercice d’équilibre qu’Iliona maîtrise.

Des mots qui touchent là où il faut, qui glacent le sang parfois et qu’on ressent au plus profond. Pour la première fois, l’artiste se livre sur des traumatismes de son enfance qui, derrière les interprétations, nous laisse décrypter un souvenir qu’on espère ne pas deviner : “ Papa, maman, j’ai fait une bêtise, je crois qu’il y a un trou dans mon ventre”. (ça n'existe pas)

Photo par Arash Khaksari

COUP DE COEUR

Iliona termine le projet avec “23”, un morceau aux couleurs sonores que l'on n’attend pas forcément de sa part. Sur les notes électro d’un piano et les kicks d’une batterie qui cassent le rythme de tout le projet, elle nous y raconte ses histoires du passé, du présent et du futur, celles qui l’amènent à dire les mots forts : “J’ai pas eu le choix, d’être comme moi, si j’avais pu”. Cette froideur mélangée à l’énergie surprenante de l’instrumental en fait le coup de cœur de la rédaction.

Un projet monté de toute pièces

Le projet a été entièrement produit par Iliona à l’exception du premier morceau, Welcome, dont elle partage la production avec Victor Le Masne. La jeune talent a plusieurs cordes à son arc et elle sait s’en servir. Fidèle à ses débuts, elle a gardé l’ADN de sa musique qu’elle faisait dans sa chambre tout en grandissant avec. En ajoutant de nouvelles sonorités, elle renforce des essais qu’on a pu entendre sur Marguerite dans son premier EP Tristesse. Son registre reste le même mais on sent la maturité qui joue, aussi bien dans ses textes que ses productions.

Car elle sait utiliser les codes propres à sa génération d’artistes en mixant sons électroniques et organiques dans un mélange qui nous surprend et se renouvelle. Des morceaux chargés mais qui semblent minimalistes. On se délecte de ses mélodies à l'oreille. On se plaît à décoder chaque aspect de sa musique pour y retrouver chacune des notes utilisées. Iliona s’accomplit en tant qu’artiste. Elle touche à tout et elle le fait bien … “L’avatar du game” comme a pu dire un artiste emblématique bien de chez nous

Ce projet s’ancre dans une assertion, un renouveau pour l’artiste. Iliona s’affirme comme une des figures de cette nouvelle pop française mixant les sonorités new wave de cette génération d’artistes qui expérimentent. En poussant les frontières des genres musicaux avec ses propres créations sonores, Iliona offre un premier album complet, réussi et sincèrement marquant.

À retrouver en concert à l’Ancienne Belgique le 15 novembre.