Des secrets par Mulliez
Enquête sur une famille aussi discrète qu'influente
Tout commence en novembre 2022, dans une salle de cours de l’ESJ. Le thème du jour ? L’investigation financière. Un peu à la volée, l’idée de travailler sur Decathlon est lancée. Personne ne s’imagine alors que ce choix nous conduira à accoucher six mois plus tard de dix enquêtes collaboratives sur l’une des familles les plus riches des Flandres.
L’empire Mulliez est partout en France et en Belgique. Vous ne le savez peut-être pas, mais quand vous vous habillez chez Jules ou BZB, que vous vous équipez pour bricoler chez Leroy Merlin ou que vous remplissez votre caddie chez Auchan, vous êtes chez les Mulliez.
Cette famille compte 1 400 membres et son patrimoine financier pèse près de 22 milliards d’euros. Elle est pourtant méconnue du grand public. Et pour cause, en interne, la consigne est claire : vivons heureux, vivons cachés.
Neuf enquêtes, du coin de la rue aux paradis fiscaux
Nous vous emmenons en Grèce pour une excursion nautique dans les eaux chaudes de la Méditerranée sur les traces d’une tragique affaire judiciaire oubliée. Vous saurez tout des tensions économiques qui déchirent l’association familiale sur fond de modèle économique dépassé. Vous rencontrerez Franky, le vilain petit canard, fondateur de Kiloutou et antithèse de la culture austère prônée chez les Mulliez.
Nous vous proposons aussi un saut dans les paradis fiscaux, à la recherche des bonnes combines financières de Auchan, Décathlon et Leroy Merlin, ainsi qu’au Bangladesh, sur la trace des filières de production des marques de la famille. Puis retour dans les Flandres, où nous vous invitons à scruter les briques rouges des étroites ruelles lilloises : certaines d’entre elles gardent la trace de l’influence de cette famille incontournable de la région.
Cinq semaines de travail collaboratif
Il a fallu redoubler d'ingéniosité pour toucher du bout des doigts cette discrète dynastie. Pendant longtemps, le mot d’ordre était la discrétion. Interdit de parler de cette enquête à ses amis ou ses parents. À 25, autant confier un magasin de porcelaine à un éléphant.
C’est le travail et la persévérance qui ont pris le relais. Un appel téléphonique dans un coin, une réunion d’équipe ou la rédaction d’un article dans un autre, les locaux de l’ESJ et de l’IHECS se sont transformés en véritable fourmilière.
Sur ces cinq semaines, nous avons contacté plus de 600 personnes, analysé plusieurs centaines de bilans financiers et de parcelles cadastrales, lu des centaines de pages d’ouvrages ou autres documents en tout genre.
Enquêter sur les Mulliez, c’est aussi passer près de 200 heures devant son ordinateur ; parcourir des milliers de kilomètres à pied, en train et en avion ; essuyer de nombreux refus d’interview et abandonner l’idée de comptabiliser le nombre de mails restés sans réponse. Plusieurs membres de la famille Mulliez ont été régulièrement contactés. À de rares exceptions près, l’immense majorité n’a jamais souhaité nous répondre.
Un partenariat avec Mediacités Lille et Le Soir
Cette enquête a été un défi collectif. Il a fallu travailler ensemble à distance une grande partie du temps, tout en restant en lien quasi permanent entre Bruxelles et Lille. Pour mener à bien ce projet, nous avons pu compter sur les précieux conseils de cinq journalistes : Damien Brunon et Gaëtan Gras, les responsables pédagogiques de l’ESJ et de l’IHECS, et trois professionnels extérieurs, Clémence de Blasi, Yves Adaken (Mediacités) et Joël Matriche (Le Soir). Nous avons également pu profiter de la connaissance abyssale des paradis fiscaux du lanceur d’alerte Maxime Renahy.
Pour illustrer nos articles sur cette famille qui reste à l'écart des projecteurs, il a fallu se creuser la tête. Comment représenter le secret ? Nous avons fait le choix d’utiliser uniquement des images générées par une intelligence artificielle. Nous avons bien conscience des problématiques que ces dernières engendrent sur le principe de propriété intellectuelle. Par souci de transparence, nous avons donc décidé de publier les requêtes utilisées pour générer nos images.
Merci à l’ensemble des équipes pédagogiques de l’IHECS et de l’ESJ de nous avoir accompagnés, ainsi qu’aux intervenants pour leur encadrement.
Merci également à Bertrand Gobin, auteur de nombreux ouvrages sur les secrets de la famille et à Benoît Boussemart, spécialiste financier des Mulliez.
« Par-delà l’exceptionnelle réussite entrepreneuriale du clan, la saga Mulliez est d’abord une histoire familiale des plus romanesques. »
Louis Oger et Jade Bourgery,
étudiants et coordinateurs du groupe d’enquête
Built with Shorthand