Les interdictions de stade en Belgique
Analyses des mesures, témoignages exclusifs et perspectives sur l’avenir des stades face à la violence dans le football

Dans un stade de foot, ce sont deux équipes qui s’affrontent, et derrière ces deux équipes, ce sont des milliers de supporters qui se rendent au stade pour encourager leur équipe favorite. Vous l’aurez sûrement déjà vu, certains débordements ont lieu lors de matchs de football. Bagarres, fumigènes, gobelets lancés sur le terrain, mais qui sont ces individus qui perturbent ces événements tant attendus par le public ?
Chapitre 1
Comprendre les interdictions de stade

Imaginez assister à un match de foot palpitant et voir l’enthousiasme se transformer en violence. En Belgique, de tels débordements ne sont pas rares, et les sanctions peuvent aller jusqu'à priver un supporter de stade pendant plusieurs années.
Mais comment fonctionnent ces interdictions, et quels chiffres révèlent l'ampleur de ce phénomène ?
Chapitre 2
Témoignages d'interdits de stade en Belgique

Qui sont ces interdits de stade ?
Entre débordements et comportements inappropriés, les sanctions tombent : interdiction de stade, amendes salées... Pour mieux comprendre ce que signifie être privé de sa passion, nous avons recueilli les témoignages de trois supporters sanctionnés. Entre remords, colère et remise en question, ils nous livrent leur version des faits et partagent l’impact de ces interdictions sur leur vie en tant que supporter.
Le futur récidiviste ?
Louis* est un grand supporter du Sporting de Charleroi depuis quelques années. Il est interdit de stade pour 3 ans, découvrez pourquoi.
L'incompris
Charles* supporte l'Union Saint-Gilloise depuis 7 ans. Il est interdit de stade pour trois longues années et a écopé d'une amende salée. Découvrez son témoignage.
Le gentil repenti
Pierre* est un fervent supporter du Club de Bruges depuis qu'il est enfant. Écoutez son récit en tant que nouvel interdit de stade.
*Prénom d'emprunt
Chapitre 3
Histoire et conséquences de la violence dans le football belge






Aux origines de la violence dans les stades
La violence dans les stades n’est pas une nouveauté.
Aux origines du football, les matchs entre villages se terminaient fréquemment en batailles rangées. Le mouvement des hooligans, des supporters usant la violence lors d’une rencontre sportive, apparu en Angleterre et désormais répandu en Europe, est le symbole de cette confusion entre passion sportive et violence.
L’histoire du football est marquée par de nombreux drames. En Belgique, les esprits restent marqués par le drame du Heysel survenu le 29 mai 1985. La finale de la Coupe d'Europe des clubs champions opposant Liverpool à la Juventus au stade du Heysel, vire au cauchemar. En début de soirée, des supporters de Liverpool brisent une barrière séparant les fans des deux camps. Pris de panique, de nombreux spectateurs italiens sont compressés contre un mur qui s'effondre sous la pression. Le bilan est tragique: 39 morts, dont principalement des supporters de la Juventus, et plus de 600 blessés.
La loi football
L'implantation d'une loi dédiée à la sécurité dans les stades.
Les interdictions de stade sont régies par la loi football. Inscrite en 1998, cette loi a ensuite été modifiée et renforcée à plusieurs reprises, jusqu’en 2023. Elle s'efforce désormais d’appliquer une “tolérance zéro absolue” face aux actes de violence, de racisme, de discrimination, de vandalisme et à l'utilisation d'engins pyrotechniques, aussi bien à l'intérieur qu'aux abords des stades.
La ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden, a fondé la révision de la loi football sur trois piliers : des sanctions plus sévères (les interdictions de stade peuvent maintenant grimper jusqu'à 10 ans avec des amendes jusqu'à 2000€), des contrôles d’accès renforcés et une plus grande responsabilité des clubs.
Cette réforme législative se veut une réponse forte pour éradiquer les comportements dangereux, combattre le hooliganisme et restaurer l’esprit du sport, en redonnant aux stades leur vocation première : celle d’être des lieux de partage et d’émotion.
Les mesures mises en place suite à cette dernière réforme
La loi football a instauré de nombreux nouveaux dispositifs pour garantir la sécurité au sein des stades, mais aussi à l'extérieur de ceux-ci.
Renforcement de la sécurité, dispositifs anti-violence, ou encore nouvelles réglementations pour les supporters : ces initiatives visent à transformer positivement l’expérience des matchs.
Les stadiers et agents de sécurité sont désormais autorisés à vérifier la correspondance entre le nom de la personne sur le billet et l’identité de la personne se présentant, afin de prévenir la présence des interdits de stade.
La loi interdit aux supporters de porter des cagoules ou d’autres masques dans l’enceinte du stade. Elle impose également aux clubs de sensibiliser les supporters à l’utilisation illégale d’engins pyrotechniques, à la lutte contre le racisme et la discrimination dans les stades.
Écoutez notre capsule audio pour entendre les témoignages d'agents appliquant ces mesures sur le terrain.
Les effets sur les stades
La loi football a-t-elle eu des effets escomptés sur les stades et leurs supporters ?
Avec cette récente modification de la loi, les regards se tournent vers les stades, pour évaluer les impacts concrets de cette réforme.
Entre mesures de sécurité renforcées, nouvelles contraintes pour les clubs et les supporters, cette évolution législative suscite à la fois espoirs et interrogations. Quels changements s'observent déjà dans les tribunes et sur le terrain ?
La violence au-delà des stades
Comment les comportements agressifs des supporters s'étendent-ils au-delà des terrains de jeu.
Alors que les violences dans les stades de football continuent de soulever l'indignation, une question préoccupante émerge : ces comportements agressifs se déplacent-ils également en dehors des enceintes sportives ? Serait-ce une conséquence du durcissement des mesures de sécurité à l'intérieur des stades ?
Entre rivalités sur les réseaux sociaux, affrontements dans les espaces publics et tensions lors des déplacements des supporters, le phénomène semble dépasser les simples tribunes. Ce glissement interroge sur les causes profondes de cette dérive et sur les moyens de préserver le sport comme un espace de passion et de convivialité.
Écoutez la confrontation des avis entre les interdits de stade et le responsable de la sécurité du stade de Molenbeek sur ce sujet.
Chapitre 4
Au cœur du dispositif de sécurité

Le responsable de la sécurité
Il anime la réunion d'avant match pour la mise en place d'une sécurité renforcée autour et à l'intérieur du stade. Il distribue les tâches de chaque membre du personnel de sécurité.
Les policiers
Leur mission est d'assurer le bon déroulement du match, notamment en effectuant des fouilles à l'entrée.
Le commissaire de police
Sa mission consiste à contrôler les caméras de surveillance dans le poste de commandement en collaboration avec le responsable de la sécurité et à veiller au bon déroulement du match en prévenant tout débordement.
Les spotters
Ce sont des policiers en civil présents dans les tribunes pour intervenir en cas de débordements pendant le match.
Les stewards
Ils sont présents à l'entrée du stade pour le contrôle des tickets.
Les stewards
Ils effectuent également la palpation des supporters. Ceux-ci ne peuvent pas avoir sur eux :
- Long parapluie avec une pointe à la fin
- Tout ce qui contient du gaz/liquide (déodorant spray, parfum,...)
- Grand sac (taille maximale = feuille A4)
- Armes blanches
- Engins pyrotechniques
- Bouteilles
Les stewards
Enfin, des stewards sont placés à l'entrée des différents accès aux tribunes. Ils s'assurent que chaque personne se trouve bien dans la tribune qui lui est attribuée.
Ils sont à la dispositon des supporters pour répondre à leurs questions.
Tout ce personnel est mobilisé pour assurer la sécurité et le bon déroulement du match. Le responsable de la sécurité a besoin de 64 stewards pour un match complet. Pour un match standard, un steward est nécessaire pour 300 supporters, tandis que pour un match à risque, il faut un steward pour 100 supporters. Du côté de la police, pour un match Anderlecht-Standard par exemple, ce sont entre 80 et 100 policiers qui sont déployés.
Chapitre 5
Le futur de la sécurité dans les stades de football

À l'ère de l’évolution constante des technologies et de l’intelligence artificielle, la question du futur de la sécurité dans les stades et du contrôle des interdits de stade se pose. La méthode principalement utilisée aujourd’hui reste celle des caméras à reconnaissance faciale.
Découvrez les analyses de Guy Petrens, responsable de la sécurité du stade de Molenbeek, et du commissaire Philippe Boucar, chargé de la zone d’Anderlecht et de Saint-Gilles sur l'avenir de la sécurité dans le football en Belgique.
Par Marine Beauduin, Gaëlle Gilbert et Tiffany Melaet