Malgré sa pâleur, Islande-Belgique ravive les couleurs des Diables

Une défaite à oublier. Une première place au classement mondial de la FIFA menacée par nos voisins français. Les Diables se devaient de garder la tête froide hier à Reykjavik, et le moment solennel des hymnes nationaux résonnait plus gravement que d’habitude.

Dans un stade au nom difficilement prononçable (le Laugardalsvöllur, si vous voulez tenter), le vent soufflait fort hier soir en Islande. La saison est lourde, tant pour les supporters, empêchés de supporter, que pour les joueurs belges qui alignaient leur troisième match en une semaine. Et si vous avez eu la drôle idée de regarder le journal télévisé avant le match, votre moral est sans doute aussi léger qu’un dix tonnes dans une côte à vingt degrés… Les mots de « couvre-feu » et de « reconfinement » résonnent dans notre esprit. Heureusement l’idée d’un match des Diables nous réchauffe le cœur, même chacun chez soi, on se sent rassemblés. Et le souvenir du match aller présageait une soirée pleine d’actions et de goals.

Quelques secondes genoux en terre et bras levés pour crier en silence « Black lives matter », et le coup d’envoi est donné.

Les premières minutes sont vives, sur un terrain glissant. La balle virevolte d’un coin à l’autre du terrain. Mignolet joue un peu avec nos nerfs en abandonnant son but pour quelques passes. Tielemans s’infiltre dans la surface adverse et nous offre un premier coup de coin qui sonnera comme un avertissement pour l’Islande. Puis, une minute plus tard, Lukaku, servi par une magnifique passe d’Alderweireld, nous offre son geste favori, un contrôle dos au but suivi d’un tir cadré puissant du pied gauche. C’est le but ! En moins de neuf minutes!

Une animation de courte durée

Nos esprits sont échauffés, notre corps tient à peine en place sur le canapé, ça commence bien. Mais la Belgique ne mènera pas longtemps : la balle rapide et cinglante comme l’éclair atterrit dans les pieds de Saevarsson qui la guideront inexorablement au fond du but. La défense belge n’a rien vu venir. Égalisation méritée. Le match s’annonce plus équilibré que prévu.

Avec l’égalisation, l’Islande se replie. C’est un véritable rempart de maillots bleus qui s’érige devant les Diables. Witsel tente un tir pour maintenir la pression, mais la balle vole au-dessus des filets de Rùnarsson. Une perte de balle de Tielemans permet aux Scandinaves de cadrer un tir, il file droit dans les gants du gardien des Diables. Bien essayé. Après une demi-heure de jeu, on sent l’Islande prête à tout et sur toutes les balles. Chaque erreur peut être fatale. Carrasco tente en vain de s’immiscer dans le camp adverse, mais rien n’y fait, le mur de glace est solide. Une occasion encore de Lukaku mais ce sera un hors-jeu.

Dans notre canapé, le corps est nerveux. Les phases arrêtées dans notre rectangle nous figent. On le sait, c’est là que notre défense pèche. Il reste moins de dix minutes à cette première mi-temps quand une faute incompréhensible sur notre capitaine, Lukaku ,va nous permettre de respirer. Penalty converti, les Diables mènent à nouveau. Nous pouvons nous détendre.

Une deuxième partie... pas partie bien loin

On change de côté mais pas d’ambiance. La possession est belge, même si les Islandais sont en embuscade dès la moindre erreur. Les occasions sont rares. On assiste à un combat de résistance. Gérer et neutraliser l’adversaire. L’important est de ne pas craquer.

L’ambiance est plus à se faire un bon chocolat chaud qu’à décapsuler une troisième bière et l’on s’enfonce de plus en plus dans son fauteuil. Les couleurs du terrain sont froides, tristes, on sent l’humidité de la pelouse s’inviter dans notre salon. Les Diables en déplacement ont quitté leurs habits rouges pour des maillots blancs comme la neige, qui ne contrastent pas tellement avec le bleu glacé des scandinaves. Les sièges vides en arrière-plan rajoutent un sentiment de solitude. On sort le plaid. Les commentateurs nous résument la saison, nous parlent de façon nostalgique des absents. On rêve de la chevelure rousse de notre Kevin national qui aurait pu amener un peu de relief dans le jeu.

Il reste cinq minutes et c’est un coup franc qui nous donne un coup de chaud. Meunier s’en sort bien malgré l’ombre de Bjarnason derrière lui, la balle est déviée hors du terrain. Quelques frissons sur les deniers moments,  Carasco trompe les scandinaves et fonce droit sur le but. Il ne le ratera que de peu. Lukaku tentera sa chance quelques secondes plus tard sans succès. Enfin, une tête malheureuse de Denayer offre le coup de coin de la dernière chance à l’Islande. Un peu sonné, notre défenseur en sera spectateur. Une ultime frayeur vite écartée. 

Score final :1-2. La Belgique est à nouveau première de son groupe devant l’Angleterre, qui s’est inclinée face au Danemark, et sauve sa place de leader mondial dans le classement FIFA.

Comme l’ont conclu Vincent Langendries et Philippe Albert , « Le match ne restera pas dans les annales mais le job est fait ». Ce match clair-obscur nous met en position de force avant de recevoir les Anglais à domicile. Une rencontre qui sentira bon la revanche.