L'Institut du Cerveau de Paris affirme que tout le monde rêve, même ceux qui disent ne jamais rêver. Les chercheurs de l'institut ont réalisé des expériences sur des patients atteints de la maladie de Parkinson, certains souffrant d'un trouble comportemental en sommeil paradoxal (TCSP), qui les rend très agités durant leur phase de rêves, alors qu'ils sont convaincus de ne pas rêver. Après l'observation de l'activité nocturne des patients dans les laboratoires du centre, les scientifiques ont pu certifier, en 2015, que tous leurs patients rêvent. Selon leur hypothèse, il n'y aurait donc pas de "non-rêveurs", mais simplement des personnes qui ne parviennent pas à graver leurs rêves dans leur mémoire.

Ces rêves qui sembleraient faire vibrer notre matière grise à tous soulèvent de nombreuses interrogations. Quel rapport entretenons-nous à nos rêves ? Quels sont nos cauchemars récurrents ? Qu'est-ce qu'un rêve lucide ou un rêve prémonitoire ? Et pourquoi ces histoires qui peuvent sembler sans queue ni tête s'expriment-elles dans nos rêves ? Cet univers onirique et mystérieux aurait-il du sens ?

Avec le projet "Rêver et Vous", Mammouth Média vous propose d'écouter une série de témoignages, agrémentés de l'expertise de deux spécialistes. Isabelle Lafarge, psychologue et psychanalyste spécialisée dans l'analyse du rêve, témoigne oralement dans la série de podcasts. En parallèle, des extraits retranscrits de notre entretien avec Amala Klep, autrice et thérapeute onirique, jalonnent ce long format web, pour offrir une approche plus spirituelle des différents thèmes abordés.

Pourquoi faisons-nous des cauchemars récurrents ?

 Un cauchemar récurrent, c’est comme le facteur qui vient sonner à la porte plusieurs fois et auquel on n'ouvre jamais pour recevoir son courrier. On ne l’écoute tellement pas, qu’à un moment donné, le facteur vient avec un recommandé et nous oblige à ouvrir la porte pour signer la réception du colis. Le cauchemar, c'est ça. Si on ne l’entend pas, le message devient tellement important qu’il vient en frappant lourdement sur la porte, en faisant en sorte que notre émotionnel soit tellement à vif qu’on se réveille et qu’on soit obligé de s’en souvenir pour le prendre en considération.

Interview d'Amala Klep, autrice et thérapeute onirique

Que peut nous offrir le rêve lucide ?

Je vois beaucoup d’intérêt au rêve lucide s’il est pris comme un aspect de ce qui est possible avec les rêves. Se donner comme seul et unique objectif de devenir lucide dans ses rêves, c'est perdre le trésor de nos rêves plus quotidiens, car ils offrent beaucoup de réponses et de guidance. Les rêves lucides, pour moi, sont utiles pour aller chercher des réponses au sein de nos rêves.

Interview d'Amala Klep, autrice et thérapeute onirique

Les rêves prémonitoires existent ?

Dans le monde du rêve, on a accès à toutes les différentes dimensions temporelles : passé, présent et futur. Il y a donc clairement une dimension prémonitoire au rêve. Les peuples plus en lien avec la nature en font l’expérience régulièrement. Le fait est que dans notre société patriarcale, on s’est tellement coupé de cette voix de l’intuition, de cette dimension divine et sacrée, que les choses qui sont tout à fait naturelles pour l’être humain - comme les signes et les prémonitions - ne font plus partie de notre vie.

Ce n'est donc pas qu'un mythe que l'on retrouve dans les films ?

Non, évidemment qu’il y a des personnes qui font des rêves de prémonition. Les personnes qui ont de manière spontanée des prémonitions sont des personnes plus sensibles et plus en contact avec ces mondes spirituels. Mais c’est une dimension accessible à tous. Le danger, c’est d’en faire quelque chose d’extraordinaire qui est loin de nous. En réalité, ce n’est pas extraordinaire, c’est tout à fait naturel. Ce qui devrait impressionner, c’est qu’autant de personnes aient perdu cette faculté... pas que certaines personnes sont en contact avec elle.

Interview d'Amala Klep, autrice et thérapeute onirique

Pourquoi utiliser l'art pour représenter ses rêves ?

 L’avantage de passer dans l’hémisphère droit du cerveau, c’est reparler le langage originel du rêve. Dans ma pratique, le rêve est un moyen de dialoguer avec son âme, un moyen de se remettre à l’écoute de ces messages profonds qui nous sont envoyés en permanence au travers de signe de synchronicité, de tous ces petits événements de la vie qui passent inaperçus quand on rationalise le monde. 

Exprimer ses rêves par l’art, c’est un moyen de les sortir de sa tête qui voudrait tout expliquer. Cela permet d’aller à la rencontre des différentes parts de soi, de les reconnecter, de les ressentir pour leur redonner une place de notre vie.

Interview d'Amala Klep, autrice et thérapeute onirique