Séance spéciale en salle obscure
Le dernier cinéma porno de Bruxelles

Il est midi, le volet du “Ciné Paris", situé Boulevard Adolph Max, se lève.
Pour y entrer, il suffit d’emprunter un couloir long d’une quinzaine de mètres tapissés de posters et d’affiches plus suggestives les unes que les autres.
En salle 1, c’est un film produit par Marc Dorcel qui est à l’affiche, tandis qu’en salle 2, pour cette semaine, c’est un film américain à l'allure légèrement datée. Les films sont renouvelés chaque semaine pour que les habitués y trouvent toujours leur compte.
Le seul employé présent sur les lieux accueille les clients derrière ce qui apparaît être à la fois un guichet et un bar, témoin de la convivialité des lieux.
Tout suggère l’érotisme et le plaisir charnel
Une convivialité qu’il faut mettre en perspective car cette grande pièce d’accueil pourrait en effaroucher certains. Des posters érotiques sont disséminés un peu partout et des écrans projettent des extraits des films à l’affiche. La lumière est légèrement tamisée, le sol et les murs sont revêtus de rouge. Des préservatifs et du lubrifiant sont proposés à la vente. Tout suggère l’érotisme et le plaisir charnel. Deux canapés sont disposés au fond de la pièce, preuve que le temps passé dans cette pièce est laissé libre à chacun.
L’employé sur place parle aisément du fonctionnement et de la situation de ce petit cinéma atypique créé en 1992 par un couple de passionnés. Il concède que les habitudes de consommation des contenus pornographiques ont fortement évolué en trente ans.
La clientèle a changé elle aussi. Désormais, elle serait composée à 80% de couples homosexuels et, pour le reste, d’habitués de longue date. Un plaisir coupable pour certains, une réelle habitude pour d’autres. Peu importe pour ce guichetier car, ici, le mot d’ordre, c’est la discrétion.
Ce qui se passe réellement dans la salle reste un peu flou
Il explique donc que le cinéma a dû se réinventer au fil des années, au niveau de la programmation des films, en nouant notamment un partenariat avec la société française de production de films à caractère pornographique « Marc Dorcel ». Selon lui, ce partenariat leur assurerait des films de qualité, ainsi qu’une exclusivité en région bruxelloise.
Des shows en live ont aussi été proposés pendant un moment, attirant une nouvelle clientèle curieuse et voyeuriste. Cependant dès le début des années 2000, cette clientèle aurait délaissé les cinémas de ce genre pour se tourner vers les clubs libertins ou échangistes, présents en nombre à Bruxelles. Ces derniers connaissent une forte popularité selon notre intervenant, dû à la liberté de pratiques qui y est offerte à tout un chacun.
En passant la porte de la première salle, on plonge dans une obscurité profonde. La salle est légèrement éclairée par l’écran, mais les sièges ne sont pas visibles, sûrement pour laisser une intimité à chacun. Ce qui se passe réellement dans la salle reste un peu flou.
En sortant, nous nous apercevons qu’un client vient d’entrer, le premier de la journée. C’est un homme d’une soixantaine d’années. Sans dire un mot, il donne le montant exact, 7 euros, en petites pièces. Il s’empresse de monter les escaliers sur sa droite et disparaît derrière deux grosses portes blindées. La discrétion est garantie.
Le lendemain, en revenant sur place pour prendre quelques clichés, nous croisons un couple d’une quarantaine d’années, qui entre avec curiosité dans les lieux. Le cinéma Paris attire une diversité des visiteurs.

Photo : Romain Pirard (CC BY NC ND)
Photo : Romain Pirard (CC BY NC ND)

Photo : Marc Dorcel (CC BY NC ND)
Photo : Marc Dorcel (CC BY NC ND)

Photo : Romain Pirard (CC BY NC ND)
Photo : Romain Pirard (CC BY NC ND)

Photo : Romain Pirard (CC BY NC ND)
Photo : Romain Pirard (CC BY NC ND)