
By Lou-Ann Ancion, Hélène Loffet, Géraldine Ngono, Lara Pino Lerro, Camille Remacle & Luna Van den Hauwe

Vices d'adoption : le projet
200 000, c’est le nombre d’enfants coréens qui ont été adoptés depuis la fin de la guerre de Corée en 1953. Un phénomène d’une ampleur gigantesque qui atteint son apogée dans les années 80 où ce sont entre 6 500 et 9 000 enfants coréens qui ont été adoptés chaque année.
Depuis plusieurs années maintenant, les voix des adopté·es coréen·nes à travers le monde se font entendre et leurs témoignages concordent pour dessiner le portrait d’un système d’adoption internationale vicié. Entre revendications et reconnaissance de procédures illégales, les adopté·es coréen·nes réclament aujourd’hui réparation auprès des États responsables.
Parmi ces États, la Belgique. Malgré sa petite taille, notre pays a accueilli près de 3 700 adopté·es coréen·nes, ce qui le classe au 7ème rang mondial au regard du nombre d’enfants coréens accueillis. Ce nombre relativement élevé d’adoptions suscite évidemment des questions : dans quelles circonstances celles-ci ont eu lieu ? À quel degré le gouvernement belge était-il au courant de ce qui se passait sur son sol, et quelle est sa responsabilité dans l’ampleur qu’a pris le phénomène ?
Concrètement, notre but est de lever le voile sur le rôle de la Belgique dans les adoptions internationales concernant la Corée du Sud. Mais plus que ça, c’est toute la question de l’adoption internationale que nous voulons interroger. Le but de notre enquête est de comprendre dans quelle mesure le système qui s’est mis en place entre la Corée du Sud et la Belgique peut être considéré comme un cas à part ou la simple expression d’un phénomène systématique.
Notre approche médiatique sera transmédia. Vous pourrez retrouver nos contenus sous diverses formes (vidéos, podcasts, textes) sur les réseaux sociaux, mais aussi ici, sur notre site web qui sera amené à évoluer au fil de notre investigation. Si vous décidez de nous soutenir financièrement (via notre crowdfunding), vous aurez également accès à une newsletter qui vous fera suivre notre progression comme si vous faisiez partie de l’équipe. Le résultat final de notre année d’enquête se présentera quant à lui sous la forme d’un documentaire.
Pour soutenir notre projet, vous pouvez nous apporter une contribution financière si vous le désirez. Les fonds ainsi collectés seront exclusivement utilisés pour la réalisation du documentaire. Outre une contribution financière, vous pouvez aussi nous soutenir avec un "like" ou un partage auprès de vos amis !


Pourquoi une enquête sur les adoptions illégales en Belgique ?
Peut-être en aviez-vous entendu parler : depuis quelques années, l’adoption internationale est un sujet qui revient dans les débats. En partie suite à la légalisation des mariages homosexuels et aux nombreux échanges sur les familles homoparentales. Mais pas seulement. La fraude à l’adoption était la norme au Guatemala, La Flandre arrête désormais également les adoptions en provenance de Gambie, d'Haïti et du Maroc, Deux plus un gratuit ! Quand l’enfant est un objet, Enlevés à leur famille au Congo, adoptés en Belgique, Ces derniers temps, c’est la mode d’avoir un “petit noir” ou un “petit asiatique”. Certains parents payent plus de 80.000€ pour cela. Depuis quelques temps, l’adoption internationale est associée aux mots “fraude”, “enlèvements”, “illégalité”. Durant nos premières recherches, nous sommes tombées sur de nombreux articles, de nombreux scandales. Ils ne font peut-être pas la une des journaux, mais ces scandales existent. Ils existent, et il est d’ailleurs probable que la Belgique savait (pour certains de ces scandales) mais n’a décidé de ne rien faire…
Le 26 mai 2023, le journal flamand De Morgen sort un article titré comme suit : Attachés avec un fil de nylon et abandonnés à l'aéroport : "La Belgique était au courant des abus dans les adoptions coréennes mais n'a rien fait". La Belgique au courant ? Où sont les preuves ? Selon le journaliste Yannick Verbeckmoes, la Belgique savait et elle savait depuis longtemps. En 1973, l’agence belge Enfants du Monde porte plainte contre Terre des Hommes qui, à l’époque, était associée à la Holt International. La plainte serait arrivée aux bureaux des Affaires étrangères mais rapidement, elle fut classée sans suite. Terre des Hommes étant le concurrent direct d’Enfants du Monde, la plainte fut considérée comme l’acte d’une querelle entre agences. Pourtant, nous voici cinquante et un ans plus tard et ce qui fut dit en 1973 s’est avéré vrai. Comment expliquer que la Belgique ne prenne pas au sérieux une plainte pour trafic d’enfants ? Car au fond, dans certains cas, c’était ça. Comme l’a révélé l’article De Morgen, lorsque les familles découvraient que l’enfant adopté était en réalité handicapé (car l’information avait été cachée par l’agence), il est arrivé qu’elles refusent de le prendre, laissant ainsi l’enfant seul à l’aéroport. Plus haut dans l’article, nous pouvons lire : “Les documents d'archives montrent le cynisme avec lequel les agences d'adoption traitaient les enfants à l'époque. Les enfants coréens semblaient n'être que des marchandises, dont on pouvait tirer profit”. Comment l’État belge est-il passé à côté de ça ?
La réaction des flamands fut rapide et en décembre 2023, Hilde Crevits, la ministre flamande de la Protection Sociale, annonce qu’elle ne reconnaitra plus à partir de maintenant les agences d’adoption. Elle veut instaurer une “pause” dans le monde de l’adoption internationale. Tant que les agences ne changent pas leur manière de travailler, elles ne seront pas reconnues par le gouvernement flamand. Une belle initiative, oui. Peut-être un peu lente, sachant qu’il a fallu plus de deux ans pour qu’on y arrive enfin. En 2021, c’était son prédécesseur Wouter Beke qui voulait faire la même chose, mais le vote n’était pas passé.
Qu’en est-il au niveau fédéral ? Qu’en est-il en Wallonie ? Nous ne sommes peut-être pas aussi avancés que la Flandre mais les choses bougent, doucement. Il y a un an et demi, la Chambre des représentants exhorte Hadja Lahbib, ministre des Affaires étrangères à mener une enquête dans ses archives. À ce moment-là, l’article de De Morgen n’est pas encore sorti donc personne ne sait réellement s’il y a des preuves. Hadja Lahbib explique qu’après 8 mois, elle n’a rien trouvé. Mais elle change vite sa version en juin 2023 expliquant que les archives sont mal rangées et qu’elle a besoin de l’été pour s’en occuper. Depuis, plus de nouvelles. Tout le monde semble être occupé.
Vous le comprenez donc, ce sont toutes ces raisons qui nous poussent à aller nous-mêmes vérifier, à chercher ces documents, à enquêter sur la responsabilité de l’État belge.
P.S : Depuis l'écriture de ce texte en mars 2024, l'État belge a reconnu l'existence de pratiques d'adoptions illégales sur son sol. Une enquête administrative a été ouverte.
Être mère célibataire en Corée du Sud
Attention : dans cet article, nous parlerons de viol. Si pour une raison quelconque, vous ne vous sentez pas à l’aise avec ce sujet, n’hésitez pas à passer cet article.
Pour comprendre comment le système d’adoption coréen s’est développé, il faut se pencher sur une partie d’ombre de la société coréenne, remplie de discriminations qui malheureusement, sont encore d’actualité aujourd’hui. Si la Corée du Sud est considérée comme un pays où les droits humains sont en grande majorité respectés, elle est encore profondément imprégnée d’un système patriarcal qui est particulièrement violent envers les femmes.
Fortement influencée par la pensée confucéenne, la société coréenne accorde une importance spéciale au mariage et à l’idée que les hommes sont, d’une certaine manière, supérieurs aux femmes. Ces deux dictats mis ensemble ont créé une catégorie sociale qui se retrouve discriminée à tous les niveaux : les mères non-mariées.
Qu’elles soient riches ou pauvres, adolescentes ou adultes, ces femmes sont la source principale d’enfants « adoptables ». Encore aujourd’hui, environ 90% des enfants envoyés à l’adoption sont des fils et filles de mères non-mariées.
La honte
En Corée du Sud, être une mère non-mariée est peut-être la pire honte qui puisse arriver. Si par malheur, une femme tombe enceinte en dehors des liens sacrés du mariage, alors c’est la société entière qui va la rejeter, la laissant seule à prendre les décisions les plus difficiles de sa vie. Déjà simplement dans le langage coréen : dire « mère célibataire » c’est faire référence aux mères divorcées ou veuves qui ont eu un enfant alors qu’elles étaient mariées. Le terme « mère non-mariée » est lui synonyme de honte, de culpabilité, d’égoïsme, de déprave. Les mères non-mariées (peu importe leur histoire) sont prises pour des « filles faciles » qui n’ont aucune valeur morale et qui par conséquent, seraient incapables d’élever leur enfant seule. C’est pour cela que dans la plupart des cas, elles sont encouragées voire forcées d’avorter. Même si l’avortement reste, pour certaines familles très pieuses, un crime, mettre bas l’enfant et essayer de l’élever seule est encore pire.
Rester vierge à tout prix
Il est donc clair que les femmes tentent de rester le plus longtemps possible, vierges, pures jusqu’au mariage afin d’éviter à tout prix de tomber enceintes. Sauf que dans la réalité, ce n’est pas si simple.
Déjà maltraitées par leur famille parce qu’elles sont simplement femmes, nombreuses sont celles qui rêvent d’indépendance. Certaines y arrivent jusqu’au jour où elles sont violées par leur voisin, un chauffeur de taxi, leur ami ou encore le fils du propriétaire de leur appartement. Le cauchemar ne fait que commencer. Après ce traumatisme, on les encourage souvent à se marier à leur violeur car ça y est : elles ne sont plus vierges, elles ne sont plus pures. Il leur sera impossible de trouver un autre homme après ça. Si par malheur, elles tombent enceintes après le viol, alors c’est encore pire. Il faut absolument que l’homme accepte de se marier ou qu’elles avortent parce qu’elles ne pourront jamais élever cet enfant seules.
Mais il existe d’autres femmes qui sont plus chanceuses. Elles rencontrent par exemple, leur premier amour à l’université. Ils parlent de mariage, de fonder une famille. Jusqu’à ce que la réalité les rattrape et que l’enfant est déjà en chemin. Alors le conte de fées prend fin. L’amoureux autrefois si doux, panique : il faut avorter, pas le choix. Il est encore trop tôt pour se marier, ils sont trop jeunes.
Mais si elles ne veulent pas avorter, que faire ? Élever l’enfant seules ? Jamais de la vie. Faire ce choix c’est se condamner à une vie de discriminations pour elle mais aussi son enfant. Nombreuses sont celles qui se font licenciées ou qui arrêtent leurs études lorsque la grossesse est découverte. Sans aucun soutien financier ou familial, ces mères non-mariées transmettent le stigma à leur enfant qui sera connu comme « l’enfant sans père ». La plupart des femmes décident donc de laisser l’enfant à l’adoption (de préférence à l’étranger) pour que celui-ci puisse grandir loin de ces dictats et recommencer une nouvelle vie. Avec un peu de chance, la mère, elle aussi, pourra tenter de se reconstruire.
Ae Ran Won et KUMFA
Heureusement, les mentalités changent et la société évolue. Il existe des refuges et associations qui prennent en charge ces femmes durant leur grossesse mais aussi pendant la prise de décision pour le futur de l’enfant. Si de nombreux refuges étaient directement dirigés par des agences d’adoption comme la Holt, ce n’est aujourd’hui plus le cas.
Parmi les associations qui existent, il y a Ae Ran Won et KUMFA. Fondée en 1966 par Éleanor Vanlierop, Ae Ran Won est sans doute la première association qui a été créée pour aider les femmes vulnérables et par la suite, les mères non-mariées.
L’autre association, c’est KUMFA (Korean Unwed Mothers’ Families Association). Créée en 2009 par et pour des mères non-mariées, elle essaye au mieux d’aider ces femmes.
Programmes d’éducation, séminaires sur le sujet, refuges d’accueil, aide financière, ces deux associations ont mis à travers le temps, de nombreuses solutions en place. Mais ce qui fait vraiment bouger les choses, c’est d’en parler au gouvernement. Ainsi en 2002, Ae Ran Won organise un séminaire sur les mères non-mariées et l’aide que l’on peut leur apporter. Certains membres du gouvernement y assistent et petit à petit le sujet fait surface en politique. Il faut cependant attendre 2011 pour que les choses changent réellement avec la Loi spéciale sur l’adoption qui veut que le pays se conforme mieux aux règles de la Convention de la Haye sur le droit des enfants et de l’adoption.
Alors oui, les choses changent, mais changent-elles assez vite ? Pas tellement non. Lorsqu’on sait que les orphelinats, les agences d’adoption et les familles adoptantes reçoivent parfois jusqu’à trois fois plus d’argent du gouvernement que les parents célibataires, on comprend qu’il faudra encore se battre quelques années pour que les mères non-mariées soient respectées et aient le droit d’élever leur enfant en paix.
Sources:
- Dreaming of a World: Korean Birth Mothers Tell Their Stories (Sangsoon Han)
- L’adoption internationale : mythes et réalités (Joohee Bourgain)
- Le Black Day : la fête des célibataires en Corée
- KUMFA
- Ae Ran Won
- Être mère non-mariée en Corée, un sacrifice silencieux (Joohee Bourgain)
- Unwed mothers’ charity fights discrimination, adoption agency corruption (Rachel Stine)
Les boîtes à bébés
Encastrée dans le mur d’une église de la communauté de Jusarang à Séoul, se trouve une étrange boîte. Quand on regarde à l’intérieur, on y voit un petit matelas, une lumière et il fait chaud. La boîte n’est pas très grande, elle accueille des invité·es très particulier·ère·s. Cette boîte, c’est une boîte à bébé.
Depuis une vingtaine d’années, il en existe de plus en plus partout dans le monde. Dans une boîte à bébé, un parent peut laisser son enfant anonymement et espérer que celui ou celle-ci ait une vie meilleure que celle qu’il pourrait lui offrir.
Dès que le bébé est mis à l’intérieur, la porte se verrouille et de l’autre côté du mur, une petite alarme retentit pour annoncer le/la nouvel·le arrivant·e.
Des boîtes comme ça, on en voit aux États-Unis, en France, en Allemagne, au Japon et même en Belgique (oui, en effet, il y en a une à Anvers et une autre à Evere, à Bruxelles). Mais celles qui nous intéressent se trouvent en Corée du Sud.
Création de la boîte à bébé en Corée du Sud
Avril 2007, 3h20. Le téléphone sonne et le pasteur Lee Jong-rak décroche. Une femme pleure et s’excuse de déranger à cette heure-ci mais elle vient de laisser son enfant sur le pas de la porte de l’église. Elle ne peut pas s’en occuper. Le pasteur se dépêche pour récupérer l’enfant mais il arrive trop tard, et il prend dans ses bras le petit corps froid et sans vie du bébé.
2009. Le pasteur Lee entend quelque part qu’il existerait des boîtes à bébé en République Tchèque. Il se renseigne et en décembre 2009, il lance son projet et installe la première boîte à bébé de Corée du Sud, à Séoul.
Controverse
Si au fond, la boîte à bébé du pasteur Lee partait d’une bonne idée - celle de sauver des vies - tout le monde n’adhère pas au projet. Deux camps se créent : les pro-baby box et puis, celles et ceux qui sont contre. Ils ne sont pas d’accord mais veulent pourtant la même chose : protéger les droits des enfants. Seulement, dans l’idée, ils ne pensent pas aux mêmes droits. Les opposants à la baby box pensent que l’enfant a le droit à une identité, le droit de savoir d’où il vient. Les pro-baby box eux, pensent que le droit à la vie de l’enfant l’emporte.
Pour comprendre, il faut remonter à 2011, lorsque la loi Spéciale sur l’adoption vient d’être modifiée en Corée du Sud. Désormais, il est interdit d’abandonner son enfant anonymement et il est nécessaire d’avoir par écrit, le consentement des deux parents biologiques avant d’envoyer un enfant à l’adoption.
Cette loi a pour but d’enrayer le système d’adoption et d’empêcher les adoptions illégales. Le problème, c’est que beaucoup de parents (souvent des mères célibataires) ne peuvent pas supporter la honte et la stigmatisation qui pourraient les suivre après avoir laissé leur enfant à l’adoption. Alors, ce que les parents font, c’est qu’ils abandonnent leur enfant là où ils le peuvent : dans des poubelles, des toilettes publiques, … Ces endroits ne sont absolument pas sûrs pour l’enfant et souvent, le bébé meurt de froid ou de faim dans la rue.
Mais plusieurs organisations comme KUMFA (pour les mères célibataires), Koroot (pour les adopté·es qui veulent retrouver leur famille), Dandelions (pour les familles dont l’enfant a été adopté) et TRACK (pour les adopté·es qui veulent retrouver leur famille), protestent contre les boîtes à bébé. Selon eux, ces boîtes encourageraient les mères célibataires à se défaire de leur responsabilité de parent, à abandonner leur enfant trop facilement. Ils pensent que ces boîtes ne sont qu’une solution temporaire et qu’il faut s’attaquer aux vraies raisons de ces abandons (comme par exemple les discriminations envers les mères célibataires).
Ces organisations ont d’ailleurs mis en place une campagne de sensibilisation “Think outside the Baby box” pour montrer à ces parents qu’il existe d’autres choix que l’abandon.
Qui a raison ?
Qui a raison et qui a tort, ce n’est malheureusement pas aussi simple que ça. Pourtant, l’ONU a tranché et considère que les boîtes à bébés violent l’article 7 de la Convention de l’ONU de protection des droits des enfants qui dit que tout enfant dès sa naissance doit être enregistré légalement. En bref, ces boîtes ne respectent pas le droit de l’enfant de savoir d’où il vient, car en laissant leur enfant de manière anonyme, les parents effacent toute trace possible.
Pourquoi le cas de la Corée du Sud est si compliqué ?
Bien qu’il existe d’autres boîtes à bébés partout dans le monde, le cas de la Corée du Sud est particulièrement intéressant et ce pour deux raisons. Premièrement, la Corée du Sud connaît actuellement le taux de natalité le plus bas depuis des années. Pour certains et certaines, il se pourrait que d’ici quelques décennies, le peuple sud coréen s’éteigne. Ensuite, la Corée du Sud est le pays ayant envoyé le plus d'enfants à l’adoption. Il est estimé qu’environ 40% de toutes les adoptions internationales au monde ont été réalisées par la Corée du Sud.
Les boîtes à bébés sont donc un moyen d’essayer de remonter le taux de natalité mais aussi un moyen de fournir le système d’adoption avec encore plus d’enfants. Le gouvernement sud coréen ne se prononce ni pour ni contre pour le moment même s’il a exprimé vouloir qu’il y ait des caméras dans les boîtes à bébés afin qu’on puisse retrouver plus facilement les parents de l’enfant si nécessaire.
Même si la controverse continue encore aujourd’hui, le nombre de bébés trouvés dans ces boîtes est en diminution. Cela s’explique par la légalisation de l’avortement en 2019 et la pandémie du Covid.
Au fond, il est vrai que la boîte à bébé peut être une solution mais elle reste temporaire. Ce qu’il faudrait faire, c’est comprendre pourquoi il y a autant d’abandons dans ce pays et lutter contre la discrimination à l’encontre des mères célibataires.
Sources :
- Opinion divided on the merits of South Korean pastor’s “baby box”
- Baby boxes in South Korea, a controversial but effective way to save lives ?
- Number of abandoned newborns halves within four years
- What goes in must come out: The Baby Box and the issue of abandonment in South Korea
- Baby Box is last resort to parents, newborns in Korea
- Boîtes à bébés permettent aux mères de déposer les enfants non-désirés
La guerre oubliée
Élément déclencheur des adoptions internationales, la guerre de Corée est la première guerre “chaude” de la Guerre Froide. C’est ce conflit qui verra les premières gouttes de sang couler entre les deux superpuissances, rouvrant la porte à peine refermée des tourments et atrocités humaines.
La fin de la Seconde Guerre mondiale n’a pas coïncidé avec la paix dans le monde. Loin d’apprendre des erreurs du passé, les grandes nations ont réussi une nouvelle fois à se diviser en deux clans.
Et la Corée est l’une des premières victimes de ce retour à la violence. En 1945, le pays est libéré par les alliés de son occupant japonais. Le pays est placé sous protectorat, le temps de mettre en place un gouvernement stable. Les Étasuniens s’installent au sud du 38ème parallèle tandis que les soviétiques occupent le nord. Mais, une fois encore, la situation internationale rattrape la Corée. Les tensions de la guerre froide qui commencent à poindre à partir de 1948 se rejouent également sur l’archipel coréen. La ligne de division entre le nord et le sud devient une ligne de front. Le 25 juin 1950, un bataillon nord-coréen passe la frontière avec le sud sous le prétexte d’une action similaire de Séoul quelques jours plus tôt, c’est ainsi que débute officiellement la guerre de Corée. Elle durera 3 ans.
Un conflit de la guerre froide
La Guerre de Corée est donc un conflit qui s’inscrit dans la lutte qui oppose les deux superpuissances de son époque. À ce titre, elle est plus qu’une simple guerre locale mais entre pleinement dans la guerre du meilleur modèle possible que se livrent le libéralisme capitaliste et le communisme.
Le conflit met face à face la Corée du Nord de Kim-Il Sung, soutenue par l’URSS et la Chine, et la Corée du Sud dirigée par Syngman Rhee, soutenue par les Nations Unies au sein desquelles on retrouve bien évidemment les États-Unis, le Royaume-Uni, la France mais aussi la Belgique.
La Corée du Sud est dévastée par le conflit. Début 1951, 52 des 55 villes principales du pays sont soit prises par le nord soit détruites par les bombardements. Seules Busan, Daegu et Masan sont épargnées. La situation est grave, une crise traverse également la direction des opérations. Le général étasunien MacArthur qui faisait figure de leader pour les Nations Unies sera remplacé, considéré comme trop offensif. Son remplaçant sera lui aussi limogé un an plus tard. Finalement, ce sera la voie de la conciliation qui mènera à la fin des combats et à la fixation des frontières sur les mêmes lignes qu’avant guerre, le 38ème parallèle.
Une guerre endormie
L’armistice fut signé le 27 juillet 1953. Si celui-ci met fin à la guerre, il ne met pas fin au conflit. En effet, la guerre de Corée est une guerre en sommeil mais qui peut se réveiller à tout moment. Si la mise en place d’une zone démilitarisée à la frontière en 1953 avait pour but d’atténuer les craintes d’un retour à la violence, celles-ci restent bien présentes dans l’esprit des décideurs politiques sud-coréens. Une persistance qui s’observe notamment au travers d’un service militaire obligatoire de 18 mois et des dépenses colossales investies dans le secteur de la Défense. Le pays investit chaque année 2,8% de son PIB pour la Défense (1% pour le Japon) et entretient une armée de 600 000 soldats. En parallèle, la Corée du Sud a également investi massivement dans la production de munitions et de matériel de guerre, raison pour laquelle elle est aujourd’hui un acteur incontournable du secteur de l’armement.
Une peur d’un retour à un conflit ouvert qui n’est pas sans fondements. En effet, les essais de missiles incessants du voisin nord-coréen et les mouvements de troupes imprévus au niveau de la frontière de la zone démilitarisée ont ces dernières années ranimé les craintes d’une nouvelle escalade. Le spectre de la guerre ne semble toujours pas prêt à s’effacer plus de 70 ans après la fin du conflit armé.
Le racisme anti-asiatique
« Coronavirus ! » , « Va manger du chien en Chine », « Le Covid, c’est à cause de vous les Chinois·es » Toutes ces paroles ont pu être entendues par des personnes d’origine chinoise, mais aussi par des personnes perçues comme asiatiques. La recrudescence de discours et d’actes racistes anti-asiatiques qu’il y a eu en 2020 fut observable mondialement. Si la crise sanitaire a mis en lumière un problème sociétal, c’est bien celui du racisme anti-asiatique. Souvent invisibilisé, il est pourtant bien existant et s’alimente généralement des nombreux stéréotypes qui virevoltent au-dessus des communautés asiatiques. Mais d’où viennent tous ces clichés, et pourquoi ce racisme est-il si peu dénoncé ?
Les Asiatiques, la minorité « modèle »
Il est donc faux de penser que le racisme envers les communautés asiatiques est apparu en même temps que la pandémie. Ce racisme inconscient est fort parce qu’énormément banalisé. « Les Asiatiques ne font pas de vague et s’intègrent facilement. » On parle alors de minorité « modèle » en désignant ces communautés. Un mythe ou plutôt une instrumentalisation politique afin de stigmatiser davantage les autres minorités. Ces dernières doivent prendre exemple sur les communautés asiatiques. Tandis que « tous les Arabes sont des voleurs », les Asiatiques, eux, sont « des travailleurs ». Effectivement, ceux-ci sont connus pour réussir financièrement et pour s'élever rapidement dans la société.
Ce qui a permis d’alimenter ce mythe de la minorité « modèle », ce sont tous ces clichés dits « positifs » qui gravitent autour des Asiatiques. Ces personnes sont discrètes, fortes en math, ne se plaignent pas, etc. C’est en fait du racisme déguisé en compliment. Insidieux. Il est donc beaucoup plus difficile à dénoncer. C’est pourquoi le racisme anti-asiatique est invisibilisé ou inconscient. Tellement, que beaucoup de personnes d’origine asiatique ne se sentent pas légitimes de crier au racisme parce qu’elles considèrent « mieux s’en sortir » que les autres minorités. D’une certaine manière, c’est hiérarchiser les différentes minorités et comparer des expériences de discrimination qui ne sont pas comparables.
Outre ce sentiment d'illégitimité, le prétexte de l’humour rend aussi la revendication plus difficile pour les victimes. « Ça va, c’était une blague » par-ci. « Roh, tu n’as vraiment pas d’humour » par-là. Il semblerait que pour quelques raisons que ce soit, les Asiatiques font beaucoup rire et il y a cette tendance à plus facilement se moquer de ces communautés. Mais au final, peu importe la minorité concernée, « l’humour » est un moyen incontournable d’excuser le racisme, et joue un rôle important quant à sa minimisation.
Docile et douce tu seras
Le racisme anti-asiatique est ainsi plus difficile à combattre parce qu’il est plus difficile à reconnaître. Si à priori, les stéréotypes cités ci-dessus semblent inoffensifs, ils renvoient pourtant aux descendances d’origine asiatique l’image qu’il n’existe qu’une seule façon « d’être asiatique ».
Rappelons qu’une majorité des immigré·es asiatiques ont fui le continent, devenu alors le théâtre sanglant de la Guerre froide dès la 2e moitié du XXe siècle. Si les communautés asiatiques ont reçu leur réputation de bosseuses, c’est parce qu’effectivement, elles ont énormément travaillé pour s’intégrer au mieux économiquement dans la société occidentale, et s’est ajouté à cela une volonté d’offrir une meilleure vie à leurs enfants.
Et s’il existe énormément de clichés sur les Asiatiques, ils varient selon le genre de la personne. Les hommes perçus comme asiatiques sont des informaticiens et sont forts au kung-fu. Par contre, ils sont nuls au lit, ont un petit zizi et ne sont pas virils. Tandis que les femmes sont connues pour être dociles, douces, soumises à l’homme (blanc) et dotées de prouesse sexuelle. Dès lors, on parle de fétichisme et d’objectification de la femme asiatique.
« Je ne suis jamais sorti avec une asiat, j’aimerais bien essayer ». Cette hypersexualisation de la femme asiatique trouve son origine du temps de la colonisation et des bordels militaires.
Ces différentes représentations que l’on se fait des communautés asiatiques sont donc profondément ancrées dans le passé colonial et restent malheureusement implantées dans l’imaginaire collectif. S’il fut en effet un temps où les immigré·es asiatiques travaillaient énormément, il faut cependant cesser de réduire chaque individu issu de ces communautés à un adjectif qualificatif.
Un cliché mortel
Connaissez-vous le stéréotype selon lequel toute personne chinoise a toujours sur elle beaucoup d’espèces ? Ça n’a rien d’offensant ni de discriminant. Pourtant, Chaolin Zhang en est décédé. En 2016, à Aubervilliers (France), le couturier chinois, victime d’un vol violent, succombe à ses blessures. Ce n’était pas le premier raid pour les trois agresseurs, ils avaient attaqué d’autres commerçant·es d’origine chinoise, supposé·es avoir du liquide. Rien que dans la ville d’Aubervilliers cette année-là, 105 individus d’origine chinoise ont été agressés pour cette même raison. Chaolin Zhang est mort pour une paire de lunettes, une batterie externe et un paquet de bonbons. De quoi mettre en colère la communauté franco-chinoise qui organise alors plusieurs manifestations auxquelles se joignent les autres communautés asiatiques, elles aussi victimes des nombreux préjugés. Ce sont des milliers de personnes qui se sont rassemblées pour réclamer une « sécurité pour tous ».
Les mobilisations de 2016 rappellent celles qui ont eu lieu en 2010 à Belleville. Ces dernières avaient réuni 20 000 Chinois·es dénonçant l’insécurité urbaine dont seul·es les immigré·es chinois·es étaient victimes. C’était la première fois que la communauté chinoise en France descendait dans les rues de Paris, comme c’était la première fois que les communautés asiatiques manifestaient leur ras-le-bol en 2016. Ces évènements sont significatifs dans la lutte contre le racisme anti-asiatique. Lutte qui est souvent exclue des mouvements anti-racistes. Le meurtre de Chaolin Zhang permit à de nombreuses personnes asiatiques de conscientiser le fait qu’elles étaient victimes quotidiennement de micro-agressions racistes basées sur des préjugés. La médiatisation de cet événement a aussi montré qu’un cliché pouvait tuer. Et pour la première fois, la circonstance aggravante de racisme à l’égard d’une victime d’origine chinoise (et asiatique) a été retenue. Il y eut enfin reconnaissance de l’existence d’un racisme anti-asiatique.
Le virus du racisme
La minorité « modèle » n’a pas toujours été modèle. Au contraire, elle fut énormément crainte à la fin du XIXe siècle. À l’époque, on parle de « péril jaune ». Une peur occidentale de voir un renversement de domination dans le monde, de voir l’échiquier du pouvoir se renverser, de se voir devenir une minorité. En effet, certains pays asiatiques sont en plein essor démographique, militaire et économique, et ce, à une vitesse effarante. Il y a alors ce fantasme que des troupes chinoises et japonaises vont venir déferler sur le continent européen, venir nous voler, venir violer nos femmes, venir nous esclavager… Au final, venir faire ce qu’on a fait aux autres.
Alors qu’on pourrait croire que cette crainte (et cette haine) appartient au sombre passé, elle est pourtant toujours bien réelle. Et ça, on l’a vu avec l’arrivée du coronavirus. Si les mobilisations de 2010 et de 2016 en France ont permis de visibiliser le racisme que subit les communautés asiatiques, la pandémie l’a rendu global et irréfutable. Les agressions envers toute personne perçue comme asiatique ont augmenté de plein fouet partout dans le monde. Aux États-Unis, une personne sur 6 a rapporté avoir été victime d’un crime de haine en 2021. Au Royaume-Uni, on parle d’une augmentation de 300% d’agressions envers ces communautés. En 2020, la minorité « modèle » n’était plus modèle, c’était un virus. La racialisation du coronavirus, c’est-à-dire le fait de renvoyer le virus à sa provenance, donc la Chine en l'occurrence, a exacerbé ce racisme latent. Des dénominations comme « virus chinois », « wuhan virus » ou encore « Kung Flu » font des raccourcis dans l’imaginaire collectif qui alors assimile le virus à la Chine, blâme les Chinois·es et par extension toute personne asiatique.
Alors qu’un·e Belge est européen·ne, mais qu’un·e Européen·ne n’est pas forcément belge, il semblerait que tout·e asiatique soit chinois·e. Il y a cette tendance raciste à réduire tout un continent à un seul pays. Et lorsque la vague de haine a rejoint la vague d’épidémie, le raccourci fut extrêmement facile. Chinois·e ou pas, à partir du moment où tu es étiqueté·e comme asiatique (asiatiqueté·e), c’est la même chose.
Ce que l’on peut retenir suite à la pandémie, c’est que le réel fléau qui persiste depuis des siècles, c’est bien le racisme et la xénophobie. Même s’il existe autant de minorités différentes, il ne devrait exister qu’une lutte anti-raciste qui englobe toutes ces minorités. Si l’on peut remercier la crise sanitaire d’une chose, c’est d’avoir prouvé l’existence du racisme anti-asiatique, maintenant devenu indéniable.
Sources :
- Aux origines de la mort de Chaolin Zhang
- Racisme anti-asiatique : une si longue banalisation
- Sinophobie et racisme anti-asiatique au prisme de la Covid-19
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Le white saviorism
Image provenant de la série HBO "White Savior"
Image provenant de la série HBO "White Savior"
Avant de rentrer dans le vif du sujet, une petite clarification s’impose. Qu’est-ce que le white saviorism (ou mythe du sauveur blanc en français) ?
En 2012, l’auteur nigéro-étasunien Teju Cole introduit le concept dans son essai The White-Savior Industrial Complex. Selon lui, il s’agit de personnes blanches et privilégiées qui voyagent dans des pays du Sud global pour se mettre en scène en tant que “sauveurs et sauveuses” à travers des photos et publications sur les réseaux sociaux. D’actualité aujourd’hui, ce concept prend cependant racine durant les différentes périodes coloniales. Derrière le mythe du sauveur blanc se cache l’idée que les personnes non-blanches ont besoin d’être “sauvées”. Cette création mythologique est en réalité le prolongement de l’idée de “civiliser les populations lointaines”, narratif qui avait été mis en place pour convaincre le public du bien-fondé des colonies.
Ce concept sous-entend que les populations non-occidentales sont incapables d’avancer d’elles-mêmes, que comme des enfants, elles ont nécessairement besoin d’une présence “adulte” (sous-entendue blanche) pour pouvoir s’en sortir. Le mythe du sauveur blanc sous-entend que le sauveur sera toujours blanc et que le sauvé toujours racisé, l’inverse étant impossible.
Cette image d’enfant n’est pas anodine car c’est souvent avec de jeunes enfants que les “sauveurs et sauveuses” blancs et blanches se mettent en scène pour leurs photos lors de leurs expériences de volontourisme (compression de volontariat et tourisme, lorsque l’humanitaire devient un business).
Le sauveur blanc adopte
Si le mythe du sauveur blanc est souvent lié au business du volontourisme, il peut aussi être reporté dans le cadre de l’adoption internationale. De nombreuses études questionnent le système de l’adoption internationale et transraciale en mettant en avant la réalité suivante : les enfants adopté·es viennent toujours des pays du Sud global et jamais du Nord global. En clair, si les familles belges ont accueilli de nombreux·ses enfants sud-coréen·nes, une famille sud-coréenne n’adopterait jamais un enfant belge.
Où est le problème ? L’adoption internationale a pour but de sauver des orphelin·es de la misère.
Et bien non, pas vraiment. Premièrement, la plupart des adopté·es issu·es de l’adoption transraciale et internationale, ne sont pas orphelin·es et ont au minimum une personne de leur famille qui pourrait les prendre en charge. Le déracinement n’est donc pas nécessaire et l’enfant pourrait très probablement rester dans son pays d’origine.
Ensuite, ce narratif de “sauver l’enfant” est nocif car il engendre un sentiment de redevabilité impossible à “rembourser”. Le sauveur blanc ne laisse pas la place aux sentiments de deuil ou de perte que l’adopté·e peut ressentir. Véritable déracinement douloureux et irréversible, l’adoption internationale et transraciale pousse l’adopté·e à faire le deuil d’une culture, d’une langue et de traditions. L’adopté·e doit accepter d’être perçu·e comme un·e étranger·ère dans son pays d’adoption peu importe son accent parfaitement français, sa carte d’identité belge et son éducation belge.
Je ne vois pas de différence, pour moi tu es blanc·he
Le mythe du sauveur blanc se lie souvent aussi avec le concept de colorblindness (autrement dit l’aveuglement à la couleur de peau, à la race) et est utilisé comme preuve d’antiracisme. Les parents adoptants disent “ne pas voir la couleur de leur enfant” et que cela prouve qu’ils et elles ne sont donc pas racistes. Bien que ce sentiment parte d’une bonne volonté, en réalité, il est la preuve d’ignorance et de manque d’ouverture d’esprit. L’aveuglement à la race pousse les parents adoptants à élever leur enfant comme un·e blanc·he sans ne rien leur apprendre sur leur héritage racial. L’adopté·e n’étant pas blanc·he, finira malheureusement par subir du racisme et n’aura pas les outils pour comprendre ou pour gérer la situation. Les parents blancs n’ayant pas vécu de racisme, ils et elles n’auront pas la capacité de comprendre pleinement ce que leur enfant traverse. S’en suit aussi ce qu’on appelle le syndrome du miroir, où l’adopté·e rejette ses traits physiques qui lui rappellent sa différence raciale. Cela crée un réel décalage entre l’image que l’adopté·e a d’elle ou de lui-même et l’image qu’il et elle renvoie à la société qui peut par la suite engendrer un mal-être profond.
J’ai adopté un·e enfant asiatique, je ne suis pas raciste
Utiliser l’adoption transraciale comme preuve d’antiracisme est aussi typique du mythe du sauveur blanc. Tout comme les photos de volontariat sur les réseaux sociaux, l’enfant devient alors un trophée qu’on peut montrer pour prouver qu’on a fait une bonne action, qu’on est quelqu’un·e de bien. Dans un article publié en mars 2022, Christine Chalifoux rapporte une phrase que sa mère adoptante lui a dite : “Je ne veux pas adopter d’enfant blanc parce que je ne veux pas que l’on pense que je ne veux que des enfants blancs”. Plus loin, elle explique que justement, sa famille est ouvertement raciste. Ses parents ne réagissent pas quand son frère (blanc) veut jouer aux soldats avec sa “soeur asiatique et terroriste, comme dans les films”. Au lieu de prendre sa défense, les parents de Christine lui expliquent que ce n’est pas du racisme car c’est son frère donc ce ne sont que des “blagues” et iels ne prennent pas du tout en compte les sentiments de leur fille adoptive.
Certains parents blancs qui adoptent ne se sont jamais vraiment investis dans la lutte antiraciste et pensent que l’acte d’adoption suffit à prouver leur bonté. Ils et elles n’ont même pas besoin de faire l’effort d’apprendre à connaître la culture de leur enfant ni d’aller dans son pays d’origine car les agences d’adoption s’occupent d’amener les enfants par avion. Les parents peuvent donc éduquer leur enfant en ignorant complètement son héritage racial.
Être adopté·e par des Blanc·hes ce n’est pas pour tout le monde
En 1975, l’adoption domestique transraciale aux États-Unis s’arrête dans la plupart des agences d’adoption. Pour cause : certaines associations soulèvent les problèmes psychologiques des enfants adopté·es dans des familles blanches. L’adoption d’enfants afro-américain·es et amérindien·nes est mise sur pause mais pas celle des enfants perçu·es comme asiatiques. Comme si les problèmes psychologiques ne pouvaient pas réellement atteindre la communauté d’adopté·es asiatiques car elle serait racialement plus proche des blanc·hes (selon la théorie raciste de la hiérarchie des races).
Conclusion
Le white saviorism ou mythe du sauveur blanc est donc un concept complexe et il est important de rappeler que c’est un mécanisme souvent inconscient chez les parents adoptants. L’idée de cet article était de vous apporter les clés pour mieux comprendre les réalités parfois plus douloureuses de l’adoption internationale qui sont rarement mises en avant.
Sources :
- Mapping Multiple Histories of Korean American Transnational Adoption on JSTOR. (s. d.). www.jstor.org.
- Sapiens. (2023, 14 février). Transracial Adoption and the Limits of Love. SAPIENS.
- (2021, 8 juin). « White Saviorism Complex » – Le phénomène problématique des Blanc.he.s voulant aider - Voix contre le racisme et le populisme. Voix Contre le Racisme et le Populisme.
- Semo, M. (2022, 26 octobre). Le « Sud global » , cet ensemble hétérogène de pays non alignés. Le Monde.fr.
- Develop Diverse. (2023, 13 octobre). What is White Saviorism ? – Learn everything you need to know.
- Saviors, N. W. (2021, 11 décembre). International Adoption and the White Savior Industrial Complex. Medium.
- Enright, A. (2023, 17 novembre). Op-ed : White saviorism& # 8217 ; s effect on transracial adoption - The Huntington News.









Qui sommes-nous ?
D’un petit air enjoué, Camille vous emporte dans son monde rocambolesque. Rire à gogo et ambiance assurée quand elle est dans les parages, elle ne manquera pas de vous envelopper dans son cocon de bienveillance.
Géraldine est notre doyenne du groupe. Les pieds sur terre mais la tête dans les nuages, vous la surprendrez souvent entre deux rêves. Avec son sourire chaleureux, elle saura vous réchauffer le cœur de par sa gentillesse.
C’est grâce à sa détermination inégalée et à sa passion communicative que l’équipe s’est formée. Toujours partante pour les séances de team building tardives, elle est l’atout principal de nos soirées réussies. Véritable couteau suisse, elle est aussi à l’aise dans la rédaction de dossiers affûtés que dans l’exhibition de son sens de l’humour aiguisé.
Côtoyer Lara, c’est être bercé le long d’un fleuve tranquille. D’une zenatitude foudroyante, elle parvient toujours à nous calmer dans les moments de stress. C’est un peu notre ange tombé du ciel.
Armée de sa tablette graphique et de sa créativité, Hélène est la super-maman de notre mascotte. Pourtant, faites attention car son calme peut laisser place à des éclats de folie après de longues heures de travail en bonne compagnie.
Luna, c’est la globe-trotteuse du groupe. Toujours entre deux voyages, elle n’oubliera jamais d’emporter un livre dans sa valise. Avec sa voix envoûtante et ses idées qui fusent, elle arrive toujours à captiver son audience.







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