PRESSION EXTERNE

Encadrement sportif

Les entraîneurs sont les piliers qui doivent amener leurs athlètes à être les plus performants possible. Ils les poussent toujours plus loin, en les encourageant et en les soutenant, mais aussi par des méthodes plus dures. 

Selon Charline Van Snick, ex-judokate, médaillée de bronze olympique, certains entraineurs vont trop loin. Le sien a adopté des comportements violents à son encontre.

Vers un entraînement plus humain ?

Le rôle des entraineurs évolue doucement. Les questions de santé mentale prennent une place grandissante dans l’accompagnement des athlètes professionnels et les entraîneurs doivent en tenir compte. Il leur est maintenant demandé de détecter les troubles mentaux éventuels de leurs athlètes. C’est toute une profession qui doit se former et réinventer ses pratiques.

D’après une étude de l’Université de Birmingham publiée en 2022, les sportifs professionnels se disent nettement plus heureux aux côtés d’un “leader authentique”. C’est-à-dire un coach qui comprend leurs forces et leurs faiblesses, qui fait preuve d’empathie, qui partage ouvertement des informations ou encore qui est prêt à écouter des points de vue alternatifs.

"Les entraîneurs jouent un rôle essentiel dans le développement des athlètes et doivent être encouragés à faire preuve d'un leadership authentique et de grande qualité, en étant ouverts avec leurs athlètes et en les incluant dans la prise de décision, tout en se comportant de manière éthique, en admettant leurs erreurs et en parlant honnêtement."

Maria Kavussanu

- Professeure en psychologie du sport et de l'exercice, Université de Birmingham -

Des fédérations toujours plus exigeantes

Les sponsors et les fédérations augmentent significativement la pression en associant les prestations sportives et les revenus. Les athlètes doivent donc remporter des compétitions pour gagner leur vie. C’est particulièrement vrai dans les disciplines où les revenus ne sont pas très élevés, même pour l’élite. Pour beaucoup, cette dure réalité les pousse dans une profonde anxiété, liée à leur avenir incertain.

Un système de contrats à acquérir...

La Fédération Wallonie Bruxelles (FWB) fournit, via l’ADEPS, des contrats à un nombre limité de sportifs. Ces contrats leur assurent une rémunération mensuelle ainsi qu’un accès aux infrastructures.

Pour pouvoir accéder à un contrat ADEPS (Administration de l'Éducation Physique, du Sport et de la Vie en Plein Air), un sportif doit obtenir un statut spécifique : espoir, jeune talent ou sportif de haut niveau. Un sportif de haut niveau est un athlète qui réalise des performances de niveau international, dans la catégorie élite. Une fois le statut obtenu, la fédération sportive de l’athlète doit introduire la demande de contrat auprès de l’ADEPS. 

… et à conserver

Pour garder leur contrat, les athlètes doivent réaliser des objectifs déterminés en début de saison. À la fin de celle-ci, ils reçoivent des feux verts ou orange selon leurs performances. Deux feux orange consécutifs amènent généralement un feu rouge, ce qui équivaut à un non-renouvellement de contrat. Mais il y a des exceptions.

Par exemple, Armand Marchant, skieur professionnel qui s’est gravement blessé au genou, a obtenu deux feux orange consécutifs, mais l’ADEPS lui a permis de garder son contrat. Ces traitements différenciés peuvent amener de la frustration et de la jalousie chez certains.

Cette pression aux contrats pousse les athlètes à se surpasser. Elle peut aussi fragiliser leur santé mentale et physique, et mettre en péril leur équilibre personnel.

Blocry, 2024 CC BY NC ND

Blocry, 2024 CC BY NC ND

Il n’est pas rare de voir des athlètes blessés ou malades concourir, afin de sauver leur contrat par tous les moyens. « Quand je suis revenue de blessure, l’ADEPS voulait retarder mon retour à la compétition. J’ai dû me battre pour remonter sur le tatami. J’ai dû demander au médecin conseil de la mutuelle et au médecin olympique pour enfin obtenir les autorisations. Du coup, je suis partie combattre, contre l’avis de ma hiérarchie », explique Charline Van Snick.

Les dirigeants de l'ADEPS estiment de leur côté que les athlètes se mettent souvent une pression excessive. De leur point de vue, les responsables des contrats restent disponibles et ouverts à la discussion avec n’importe quel sportif. Ils soulignent également qu'ils établissent des critères aussi objectifs que possible, appelés objectifs SMART.

BW OPEN 2024, Emile Windal CC BY NC ND

BW OPEN 2024, Emile Windal CC BY NC ND

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JO 2024, Emile Windal CC BY NC ND

JO 2024, Emile Windal CC BY NC ND

BW OPEN 2024, Emile Windal CC BY NC ND

BW OPEN 2024, Emile Windal CC BY NC ND

Antwerp-Cercle 2024, Emile Windal CC BY NC ND

Antwerp-Cercle 2024, Emile Windal CC BY NC ND

Ces dispositifs laissent les athlètes dubitatifs. Les objectifs SMART soutiennent effectivement certains sportifs, mais imposent également des conditions strictes, augmentant parfois l’anxiété liée aux résultats. 

De nombreux athlètes dépendent économiquement d’institutions comme l’ADEPS pour vivre de leur passion. Une situation pas simple à vivre, comme en témoigne Ismaël Debjani.

« Avec l’ADEPS, c’est une discussion à sens unique, j’ai l’impression de parler à un mur. Beaucoup d’athlètes n’oseront pas le dire, mais la pression financière domine. Tout le monde accepte la sentence, même les contrats à mi-temps. J’ai finalement préféré démissionner de l’ADEPS, parce que ça devenait trop lourd mentalement. »

Ismaël Debjani

JO 2024, Emile Windal CC BY NC ND

JO 2024, Emile Windal CC BY NC ND